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Les religieux d'Afrique condamnent "avec véhémence" la frontière entre le Maroc et l'Espagne "le sacrifice de vies humaines"

Des femmes et des hommes religieux présents en Afrique ont condamné "avec véhémence" le meurtre d'au moins 23 migrants qui tentaient d'entrer dans l'enclave espagnole de Melilla depuis le Maroc en juin.

Dans une déclaration du jeudi 14 juillet obtenue par ACI Afrique, les membres du Réseau Foi et Justice Afrique Europe (AEFJN) expriment leur solidarité avec les familles et les communautés des personnes décédées, qui étaient pour la plupart originaires du Soudan.

"AEFJN exprime avec véhémence sa condamnation et sa profonde tristesse, et se joint aux vagues de protestations de toute l'Église africaine contre le sacrifice de vies humaines, que les forces de police ont perdues après que quelque 2 000 Africains aient poussé pour entrer en Europe via la frontière autonome du nord du Maroc", disent-ils.

Les religieuses et religieux affirment que les autorités nationales et internationales doivent enquêter sur la mésaventure de la frontière Melilla-Maroc "de manière rapide, transparente et indépendante, sans interférence".

Dans la déclaration du 14 juillet, le président de l'AEFJN aurait déclaré : "Une mort est de trop lorsqu'il s'agit d'âmes sans défense qui cherchent un recoin pour trouver une chance d'être des êtres humains."

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"Tout le monde a le droit de vivre. Fuir la guerre, la faim et les calamités naturelles n'est pas un crime", affirme André Classens, qui condamne en outre "le pillage continu des terres africaines par les sociétés extractives."

Le membre des Missionnaires du Sacré-Cœur (MSC) ajoute : "L'Église africaine sait que le chagrin ne suffit pas à atténuer la douleur et se tient donc aux côtés des familles et des communautés endeuillées dans leur quête de justice et de réparation."

La bousculade de juin, qui a impliqué 2 000 personnes, aurait fait au moins 200 blessés parmi les forces de l'ordre espagnoles et marocaines et plus de 70 civils.

Dans un rapport préliminaire de 30 pages publié mercredi 13 juillet par le Conseil national des droits de l'homme du Maroc (CNDH), les décès à la frontière rouverte en avril ont été causés par une "asphyxie mécanique".

L'Association marocaine des droits de l'homme (AMDH) a déclaré que le rapport du CNDH était incomplet et a demandé une enquête indépendante sur l'incident.

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En juin, le pape François a déclaré avoir reçu la nouvelle de la tragédie de Melilla "avec tristesse".

"Prions ensemble pour ces frères et sœurs qui sont morts en suivant leur espoir d'une vie meilleure ; et pour nous-mêmes, (afin que) le Seigneur ouvre nos cœurs pour que ces malheurs ne se reproduisent plus jamais", aurait déclaré le pape.

Dans la déclaration du 14 juillet, les membres de l'AEFJN affirment qu'"il est désormais impératif d'enquêter et de demander des comptes aux personnes impliquées dans la mort des Africains en fuite à la frontière de Melilla, qu'il s'agisse de ceux qui ont commis le crime ou de ceux qui l'ont ordonné au tout début."

Les membres de l'organisation qui vise à promouvoir la justice économique entre l'Union européenne (UE) et l'Afrique subsaharienne affirment que "l'externalisation et la militarisation aux frontières sont condamnables car elles violent les traités internationaux et servent donc de prémisses à l'inculpation des responsables de la perte de vies à la frontière entre Melilla et le Maroc."

Les Religieuses et les Religieux insistent sur la nécessité de traiter les migrants avec dignité, en disant : "Ces migrants sont des êtres humains avec dignité à l'image et à la ressemblance de Dieu."

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Ils ajoutent que l'Europe doit "définir sérieusement l'inclusion en commençant par les frontières et mettre en œuvre de véritables réformes des actifs et une véritable redistribution des actifs de l'UE vers l'Afrique afin de remédier aux inégalités sociales profondément ancrées dans les relations de pouvoir inégales depuis l'époque coloniale".