"Nous, soussignés, évêques catholiques romains du monde entier, vous écrivons pour demander respectueusement à votre gouvernement de participer aux pourparlers de paix proposés par la Suisse afin de mettre fin à la violence dans les régions du nord-ouest et du sud-ouest du Cameroun", peut-on lire dans la lettre ouverte signée par les 16 prélats catholiques de l'extérieur du Cameroun, adressée au président Paul Biya et adressée à ACI Afrique.
Les dirigeants catholiques soulignent leur neutralité dans la crise camerounaise et précisent : "Nous soulignons que nous sommes impartiaux. Nous sommes motivés par notre souci de la souffrance des civils non armés, ainsi que de la stabilité et de la prospérité du Cameroun".
Les 16 prélats racontent dans leur déclaration du 17 février : "La violence et les atrocités commises de toutes parts ont forcé 656 000 Camerounais anglophones à quitter leur foyer, empêché 800 000 enfants d'aller à l'école (dont 400 000 dans les écoles catholiques), provoqué la fuite de 50 000 personnes vers le Nigeria, détruit des centaines de villages et fait au moins 2 000 morts".
"Chacune de ces vies est précieuse, et nous pleurons leurs souffrances et souhaitons empêcher d'autres pertes de vie et d'innocence", ont souligné les dirigeants de l'Eglise qui assurent le Pasteur du peuple de Dieu en Afrique du Sud, en Angleterre, en Ecosse, au Canada, au Nigeria, aux Etats-Unis, aux Fidji, aux Philippines, en Irlande et dans le Pacifique Sud dans leur déclaration collective dont une copie a été envoyée au Pape François.
Selon eux, "il n'y aura de victoire militaire pour aucune des parties. Une solution durable aux problèmes du Cameroun doit venir d'un processus de médiation qui inclut les groupes armés-séparatistes anglophones et les leaders non-violents de la société civile. Si toutes les parties se traitent mutuellement comme elles souhaitent être traitées, une solution est possible".
Tout en applaudissant le grand dialogue national du gouvernement en octobre dernier, les 16 évêques insistent sur le fait que les pourparlers menés par la Suisse semblent les mieux placés pour résoudre la crise au Cameroun.
"Nous pensons que les pourparlers proposés par la Suisse offrent la meilleure voie vers une solution politique appropriée par le biais de négociations inclusives", ont-ils déclaré et ajouté, "le succès de ces pourparlers sera crucial dans le cheminement du Cameroun vers la paix et votre héritage en tant que leader efficace dans une région troublée".
Le dialogue d'octobre 2019, qui n'a pas mis fin à la violence, avait proposé une plus grande autonomie des régions anglophones parallèlement à l'élection des gouverneurs locaux. Le président Biya avait également décrété l'abandon des charges contre les quelque 300 Camerounais arrêtés en raison de leur lien avec la crise anglophone et la libération du leader de l'opposition Maurice Kamto.
Le 9 février, le Cameroun a tenu des élections législatives. Les évêques catholiques de la Conférence épiscopale nationale du Cameroun (NECC) ont reconnu l'atmosphère pacifique mais ont regretté la faible participation des électeurs.
"Les évêques notent que, dans l'ensemble, les élections se sont déroulées dans une atmosphère calme, malgré une timide participation des électeurs", a déclaré le président de la NECC, Mgr Abraham Kome, aux journalistes au lendemain des élections.