"Au cœur du problème se trouvent les attaques persistantes de terroristes de la tribu Fulani, majoritairement musulmans, contre des communautés agricoles majoritairement chrétiennes dans la région centrale du Nigeria", explique l'évêque catholique nigérian.
Les raisons de ces attaques "sont complexes", dit-il, et il ajoute : "Les conflits entre les éleveurs nomades et les agriculteurs sédentaires remontent à des siècles, mais l'afflux d'armes à feu de qualité supérieure au cours des dernières années a rendu les attaques beaucoup plus meurtrières et destructrices."
Le membre des Fils missionnaires du Cœur Immaculé de Marie (Clarétains - CMF) affirme que "la dimension religieuse aggrave la situation dans un pays divisé de manière égale entre un sud majoritairement chrétien et un nord majoritairement musulman, la plupart des affrontements ayant lieu dans la région centrale, qui possède également les terres les plus fertiles."
Selon Mgr Anagbe, "les terroristes se déguisent en bergers nomades pour dissimuler la véritable intention de leurs attaques, qui est de chasser les chrétiens de leurs terres."
Cette situation a provoqué "de graves pénuries alimentaires insupportables", dit-il, et il explique : "L'État de Benue est connu pour être le panier alimentaire de la nation, mais le terrorisme a affecté la situation de l'approvisionnement alimentaire."
En conséquence, Mgr Anagbe affirme que "les agriculteurs qui pouvaient habituellement subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles doivent maintenant survivre grâce à la charité."
"La situation de manque a réduit beaucoup de gens à une condition indigne de la dignité humaine, comptant souvent sur les rations alimentaires apportées par d'autres dont la condition économique n'est en rien meilleure", ajoute l'évêque qui a commencé son ministère épiscopal en octobre 2014 en tant qu'évêque coadjuteur du diocèse de Makurdi.
Il ajoute que le diocèse catholique de Makurdi abrite "plus de 80 %" des 1,5 million de personnes déplacées citées dans l'État de Benue.
Malgré les défis financiers, l'évêque qui est à la tête du diocèse de Makurdi depuis mars 2015 affirme que "l'Église locale a fait de son mieux pour soulager la souffrance et les besoins, en fournissant une aide alimentaire et des biens essentiels."
"Récemment, la Commission Justice, Développement et Paix a distribué de la nourriture et des vêtements à plus de 1 800 personnes dans un seul camp", dit-il, et il ajoute : "Le diocèse fournit également des bourses d'études à des dizaines d'enfants déplacés, afin qu'ils ne manquent pas l'opportunité d'une éducation."