Pape François: Jésus vient à nous lorsque nous "nous heurtons à un sentiment d'échec paralysant"

"Sur le chemin d'Emmaüs, Jésus s'est approché doucement et a accompagné les pas déconfits de ces tristes disciples. Et que fait-il ? Il n'offre pas des mots d'encouragement génériques, des paroles de consolation simplistes et faciles, mais au contraire, en révélant le mystère de sa mort et de sa résurrection annoncées dans les Écritures, il jette une lumière nouvelle sur leur vie et sur les événements qu'ils ont vécus. De cette façon, il leur ouvre les yeux pour qu'ils voient tout à nouveau."

Le cardinal Gérald Lacroix, de Québec, était le célébrant principal de la messe, qui a été célébrée en français. Le sanctuaire, la basilique Sainte-Anne-de-Beaupré, est le plus ancien lieu de pèlerinage catholique en Amérique du Nord, la première église ayant été construite sur le site en 1658. Dédié à la grand-mère de Jésus, le sanctuaire a longtemps été vénéré comme un lieu de guérison.

Les autorités locales ont estimé que 2 000 personnes étaient présentes au sanctuaire jeudi. Dans la province de Québec, bien que la majorité de la population ait des racines catholiques, moins de 10 % des gens assistent régulièrement à la messe, contre 90 % il y a quelques décennies, rapporte l'AP.

La première lecture a évoqué la honte qu'Adam et Eve ont ressentie à la suite de leur péché. Le pape a plusieurs fois évoqué sa honte personnelle face aux mauvais traitements infligés aux enfants autochtones dans les pensionnats canadiens gérés par l'Église, qui ont fonctionné jusque dans les années 1990. Le pape François a présenté lundi des excuses publiques pour les mauvais traitements et les abus perpétrés par des chrétiens pendant le fonctionnement de ces écoles, et a réitéré à plusieurs reprises sa "honte et sa tristesse" face aux blessures exprimées par les anciens élèves de ces écoles.

"En affrontant le scandale du mal et le Corps du Christ blessé dans la chair de nos frères et sœurs indigènes, nous aussi avons éprouvé un profond désarroi ; nous aussi ressentons le poids de l'échec", a-t-il noté.

"Permettez-moi de vous accompagner en tant qu'Église dans la réflexion sur ces questions qui surgissent de cœurs remplis de douleur : Pourquoi tout cela est-il arrivé ? Comment cela a-t-il pu se produire dans la communauté de ceux qui suivent Jésus ?"

Suivre Jésus fournit l'unique moyen de parvenir véritablement à la réconciliation, à la récupération des déceptions et de la lassitude, et à la guérison des blessures du passé, a déclaré le pape.

"Il n'y a qu'un seul chemin, une seule voie : c'est la voie de Jésus, la voie qui est Jésus (Jean 14, 6). Croyons que Jésus s'approche de nous sur notre chemin. Allons à sa rencontre. Laissons sa parole interpréter l'histoire que nous faisons en tant qu'individus et en tant que communauté, et montrons-nous le chemin de la guérison et de la réconciliation. Dans la foi, rompons ensemble le pain eucharistique, afin qu'autour de la table nous puissions nous voir à nouveau comme des enfants bien-aimés du Père, appelés à être tous frères et sœurs", a prêché le pape François.

"Mettons sa parole au centre de tout ce que nous faisons, car elle éclaire tout ce qui se passe et restaure notre vision. Elle nous permet de voir la présence agissante de l'amour de Dieu et la possibilité de faire le bien même dans des situations apparemment sans issue. Mettons au centre le Pain de l'Eucharistie, que Jésus aujourd'hui rompt une fois de plus pour nous, afin qu'il puisse partager sa vie avec nous, embrasser notre faiblesse, soutenir nos pas fatigués et guérir nos cœurs. Réconciliés avec Dieu, avec les autres et avec nous-mêmes, puissions-nous devenir nous-mêmes des instruments de réconciliation et de paix dans nos sociétés".

Poursuivant ce qu'il a appelé un "pèlerinage pénitentiel" au Canada, le pape François doit prier les vêpres ce soir avec les évêques, les prêtres, les diacres, les personnes consacrées, les séminaristes et les agents pastoraux à la cathédrale Notre-Dame de Québec. Demain, vendredi 29 juillet, le pape s'envolera vers le nord, à Iqaluit, pour rencontrer en privé les élèves des anciens pensionnats.