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Se plaindre que le monde est mauvais n'est "pas chrétien" : Le pape François aux agents pastoraux

S'adressant jeudi à un groupe de prêtres, d'évêques, de diacres, de personnes consacrées, de séminaristes et d'agents pastoraux à la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, le pape François a exhorté les personnes présentes à donner l'exemple de la joie et de la fraternité chrétiennes à ceux qu'elles servent.

"La joie chrétienne consiste à faire l'expérience d'une paix qui demeure dans nos cœurs, même lorsque nous sommes assaillis par les épreuves et les afflictions, car nous savons alors que nous ne sommes pas seuls, mais accompagnés par un Dieu qui n'est pas indifférent à notre sort. Quand la mer est agitée : La tempête est toujours à la surface mais les profondeurs restent calmes et paisibles. C'est également vrai de la joie chrétienne : C'est un don gratuit, la certitude de se savoir aimé, soutenu et embrassé par le Christ dans chaque situation de la vie", a déclaré le pape dans son homélie dans le cadre d'un service de vêpres à la cathédrale.

Le pape a rappelé que le premier évêque de Québec, saint François de Laval, a ouvert un séminaire en 1663 et a consacré tout son ministère à la formation des prêtres.

"Chers frères et sœurs, l'Évangile doit être proclamé si nous voulons communiquer la joie de la foi aux hommes et aux femmes d'aujourd'hui", a déclaré le pape. "Cependant, cette annonce n'est pas d'abord une question de mots, mais un témoignage abondant d'amour gratuit, car c'est la manière de Dieu avec nous". Une annonce qui doit prendre forme dans un style de vie personnel et ecclésial capable de raviver le désir du Seigneur, d'insuffler l'espérance, de faire rayonner la confiance et la crédibilité."


Éviter la "vaine nostalgie".
Le pape François a évoqué les défis contemporains de la foi, notamment le concept de sécularisation, qu'il a décrit comme "reléguant Dieu, pour ainsi dire, au second plan." Il a toutefois averti que "nous devons veiller à ne pas devenir la proie du pessimisme ou du ressentiment, passant immédiatement à des jugements négatifs ou à une vaine nostalgie."

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"Se plaindre amèrement" que "le monde est mauvais, le péché règne" n'est "pas chrétien", a affirmé le Saint-Père.

"Nous sommes appelés, au contraire, à avoir un regard semblable à celui de Dieu, qui discerne ce qui est bon et le cherche avec persistance, le voit et le nourrit", a prêché le pape.

"Si nous cédons à la vision négative et jugeons les choses superficiellement, nous risquons d'envoyer un message erroné, comme si la critique de la sécularisation masquait de notre part la nostalgie d'un monde sacralisé, d'une société révolue dans laquelle l'Église et ses ministres avaient plus de pouvoir et d'importance sociale", a déclaré le pape François.

"Et c'est une façon erronée de voir les choses... La sécularisation exige que nous réfléchissions aux changements de la société qui ont influencé la façon dont les gens pensent et organisent leur vie", a-t-il poursuivi. "Si nous considérons cet aspect de la question, nous en venons à réaliser que ce qui est en crise n'est pas la foi, mais certaines des formes et des manières dont nous la présentons."

Trois défis dans une époque séculière
Le pape a proposé aux agents pastoraux trois "défis" qui, selon lui, peuvent façonner leur prière et leur service pastoral dans un monde façonné par la sécularisation.

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Le premier défi cité par le pape est de "faire connaître Jésus", en l'annonçant de la même manière que les apôtres dans le livre des Actes des Apôtres, à travers "une créativité pastorale capable d'atteindre les gens là où ils vivent, en trouvant des occasions d'écoute, de dialogue et de rencontre".

Le deuxième défi qu'il a proposé est celui du "témoignage". Dans cette partie de son discours, le pape François a de nouveau reconnu et présenté ses excuses pour les abus subis par les étudiants autochtones dans les pensionnats gérés par l'église au Canada.

" L'Évangile est prêché efficacement lorsque la vie elle-même parle et révèle la liberté qui libère les autres, la compassion qui ne demande rien en retour, la miséricorde qui parle silencieusement du Christ ", a déclaré le pape François.

"L'Église au Canada s'est engagée sur un nouveau chemin, après avoir été blessée et dévastée par le mal perpétré par certains de ses fils et filles", a observé le pape.

"Je pense en particulier aux abus sexuels sur des mineurs et des personnes vulnérables, scandales qui exigent une action ferme et un engagement irréversible. Avec vous, je voudrais encore une fois demander pardon à toutes les victimes. La douleur et la honte que nous ressentons doivent devenir une occasion de conversion : Plus jamais ça !" a-t-il déclaré.

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"Et en pensant au processus de guérison et de réconciliation avec nos frères et sœurs indigènes, plus jamais la communauté chrétienne ne pourra se laisser infecter par l'idée qu'une culture est supérieure aux autres, ou qu'il est légitime d'employer des moyens de coercition sur les autres", a-t-il promis.

"Retrouvons le zèle de votre premier évêque, saint François de Laval, qui s'insurgeait contre ceux qui rabaissaient les indigènes en les incitant à boire des boissons fortes pour ensuite les tromper", a déclaré le pape. "Ne permettons à aucune idéologie d'aliéner ou d'égarer les coutumes et les modes de vie de nos peuples, comme un moyen de les soumettre ou de les contrôler."

Le troisième défi qu'il a proposé est celui de la "fraternité". Le pape a encouragé les hommes et les femmes de la pastorale à examiner comment ils se situent en termes de construction de "relations de fraternité avec tout le monde."

"Sommes-nous des frères, ou des concurrents divisés en partis ? Et qu'en est-il de nos relations avec ceux qui ne sont pas 'des nôtres', avec ceux qui ne croient pas, avec ceux qui ont des traditions et des coutumes différentes ? Voici la voie à suivre : construire des relations de fraternité avec tous, avec les frères et sœurs indigènes, avec chaque sœur et frère que nous rencontrons, parce que la présence de Dieu se reflète dans chacun de leurs visages. "

Le pape a pris la parole après une introduction et un mot de bienvenue de Raymond Poisson, évêque de St-Jérôme-Mont-Laurier. Le pape a reçu une ovation debout après son homélie.

Ensuite, le cardinal archevêque de Québec, Gérald Lacroix, a accompagné le pape jusqu'à la tombe de saint François de Laval, où ils ont prié en silence.

Poursuivant ce qu'il a appelé un "pèlerinage pénitentiel" au Canada, le pape François doit s'envoler vers le nord le vendredi 29 juillet, à Iqaluit, pour rencontrer en privé les élèves des anciens pensionnats. Il retournera à Rome le même jour, où il arrivera le samedi 30 juillet.

Jonah McKeown