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"La réconciliation de tous les Ivoiriens" au centre de la rencontre entre les évêques et le président Ouattara

Une délégation d'évêques catholiques rencontre le président Alassane Ouattara pour échanger sur la réconciliation de tous les Ivoiriens. Domaine public Une délégation d'évêques catholiques rencontre le président Alassane Ouattara pour échanger sur la réconciliation de tous les Ivoiriens.
Domaine public

Suite à une série de déclarations des évêques catholiques de Côte d'Ivoire appelant à la réconciliation et à des élections pacifiques dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, une délégation de prélats dans le pays a été reçue mercredi 19 février par le président Alassane Ouattara pour discuter de la "réconciliation de tous les Ivoiriens" ainsi que de la paix et de la stabilité dans le pays.

"Les évêques ont rencontré le Président de la République, tout d'abord pour le saluer et échanger avec lui sur les progrès du pays. C'est notamment autour des questions relatives à la réconciliation de tous les Ivoiriens que le président de la Conférence épiscopale de Côte d'Ivoire (Cecci), Mgr Ignace Bessi Dogbo, s'est adressé aux journalistes à l'issue de cette rencontre de deux heures à Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire.

Il a ajouté : "Les évêques sont très sensibles à la réconciliation, étant eux-mêmes ordonnés ministres de la réconciliation".

La rencontre, qui s'est tenue au palais présidentiel, s'est déroulée dans un contexte où les relations sont quelque peu tendues entre l'épiscopat ivoirien et le gouvernement, qui remet en cause les dernières déclarations des évêques et du cardinal Jean-Pierre Kutwa sur la paix et la réconciliation nationale.

A l'issue de leur assemblée plénière tenue du 14 au 19 janvier, les évêques de la Cecci ont mis en évidence quatre questions qui doivent être abordées pour éviter une éventuelle crise postélectorale, en tête de liste, la réconciliation. Parmi les autres questions figurent le dialogue, l'indépendance de la commission électorale et le respect de la Constitution du pays.

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Dans une déclaration collective, qui a sanctionné l'assemblée plénière, les évêques ont expliqué que "la réconciliation présuppose, voire exige, le retour des exilés avec des garanties de sécurité et de réinsertion, la libération de tous les prisonniers politiques et de conscience, sans exception, et le dégel des avoirs".

En réaction au message des évêques, le ministre ivoirien de la Communication, Sidi Tiémoko Touré, a déclaré que "les questions qui touchent notre nation aujourd'hui appellent à des déclarations prudentes".

Le ministre Touré, dans l'interview publiée sur la page Facebook du ministère de la Communication, a également nié trois points principaux du message des évêques : la détention des prisonniers politiques ou d'opinion, le sort du travail des institutions chargées de la réconciliation et de l'indemnisation des victimes, et le dialogue politique.

"Il n'y a pas de prisonniers politiques ni de prisonniers d'opinion en Côte d'Ivoire. Cela doit être clair", a déclaré le porte-parole du gouvernement et a ajouté, "la responsabilité politique des personnalités arrêtées le 23 décembre, dont l'Eglise catholique plaide pour la libération, ne dissimule pas le fait que nous sommes tous des citoyens. D'autant plus lorsqu'il s'agit de flagrant délit d'atteinte à la sûreté de l'État".

Entre-temps, les jeunes et les femmes de l'archidiocèse d'Abidjan qui prévoyaient d'organiser une grande marche de prière intitulée "Allons à la paix" le 15 février ont été menacés de représailles par plusieurs internautes qui avaient fait connaître leur intention d'empêcher ce rassemblement de prière auquel les deux principaux partis d'opposition voulaient se joindre.

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Le cardinal Jean Pierre Kutwa d'Abidjan, qui ne voulait même pas qu'une goutte de sang soit versée par des personnes incontrôlées, a finalement remplacé l'événement par une journée de prière à l'intérieur de la cathédrale.

S'adressant au Président au nom des évêques de la Cecci au cours de la réunion de mercredi, Mgr Bessi a déclaré : "L'histoire de tout peuple qui souhaite se construire solidement a besoin de prévoyance, de discernement et d'un avenir orienté sur tous ses habitants, sans exception".

"Depuis plusieurs années, nous avons souhaité établir un cadre permanent de concertation entre le gouvernement et la hiérarchie de l'Eglise", a déclaré l'évêque de Katiola, qui a ajouté : "C'est dans ce sens que les évêques ont répondu promptement à votre invitation et sont prêts à vous écouter".

Les prélats ivoiriens ont également rappelé au président Ouattara leur engagement pour la paix et le bien-être de la population dans la construction de la nation.

"Les évêques que nous sommes non seulement satisfaits de montrer leur ferme volonté de participer à la construction du bien commun qu'est notre pays, mais s'y engagent avec toutes les énergies de leur cœur, et sans parti pris, sauf celui de la vérité que leur conscience leur révèle par la méditation de la Parole de Dieu reprise dans la doctrine sociale de l'Eglise", ont-ils déclaré.

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Cecci, par l'intermédiaire de l'évêque Ignace Bessi, a également souligné les efforts déployés par l'Église pour parvenir à la réconciliation en Côte d'Ivoire.

"Notre Conférence, dont la vision est de construire une Eglise-Communion au service de tous, avec la mission de construire la fraternité universelle, se sent le devoir de prendre sa place et de jouer son rôle dans la recherche de la paix par la réconciliation", a insisté l'évêque Bessi.

Il a ajouté : "Sa mission (d'Eglise) de construire une fraternité universelle sans discrimination lui impose d'aider tous les protagonistes de la réconciliation à cultiver l'ouverture à toutes les composantes du pays, dans toute leur diversité. Le renouvellement de la conciliation rompue est si exigeant qu'il faut l'ouvrir le plus largement possible. Tout le monde doit être impliqué ; personne ne doit s'exclure ou être exclu.

À propos de l'élection présidentielle prévue en octobre,la Cecci a une nouvelle fois appelé à la transparence en déclarant : "Sur la voie de la réconciliation, les élections sont toujours une étape décisive et difficile. C'est pourquoi, dans un contexte de démocratie, ils doivent être confrontés à la plus grande transparence et équité, afin que la voix d'un peuple dont la liberté est pleinement garantie puisse être entendue".

Enfin, l'épiscopat ivoirien a offert sa collaboration dans le processus de réconciliation.

"En ce qui nous concerne, nous nous rendons disponibles, éventuellement avec d'autres organisations dans le cadre d'une large consultation et toujours dans un esprit de consensus, pour poursuivre avec vous le processus de réconciliation afin de construire ensemble une Côte d'Ivoire stable et unie", a conclu Mgr Bessi. 

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.