À Managua, les autorités de la junte gouvernementale sandiniste attendent le pape, dont le coordinateur de la junte, Daniel Ortega, qui, avec son épouse Rosario Murillo, dirige aujourd'hui l'actuelle dictature nicaraguayenne.
Le pape polonais est arrivé dans un pays qui était au bord de la guerre civile.
Selon les informations en ligne de Nicaragua Investiga, il y avait à l'aéroport une bannière qui disait "Bienvenue au Nicaragua libre grâce à Dieu et à la révolution." Dans ce cadre, Ortega a prononcé un discours de soutien au régime sandiniste.
Jean-Paul II a salué les autres autorités qui l'attendaient, ainsi qu'Ernesto Cardenal, un prêtre et militant de la théologie de la libération marxiste qui occupait une fonction publique en tant que ministre de la culture du régime, ce qui est incompatible avec le ministère des prêtres catholiques.
"Quand il s'est approché de l'endroit où je me trouvais, j'ai fait ce que j'avais prévu de faire dans ce cas : enlever mon béret et m'agenouiller pour embrasser sa bague. Il ne m'a pas laissé l'embrasser et, agitant son doigt comme s'il s'agissait d'une canne, il m'a dit sur un ton de reproche : Vous devez régulariser votre situation. Comme je n'ai rien répondu, il l'a répété à nouveau", a raconté Cardenal dans son livre "La révolution perdue".
Dans son discours d'ouverture, Jean-Paul II a déclaré qu'il arrivait au Nicaragua "au nom de Celui qui a donné sa vie par amour pour la libération et la rédemption de tous les hommes. Je voudrais apporter ma contribution pour que cesse la souffrance des peuples innocents de cette région du monde ; pour que cessent les conflits sanglants, la haine et les accusations stériles, laissant place à un dialogue authentique."
Outre Cardenal, d'autres prêtres faisaient partie du gouvernement : son frère Fernando travaillait avec la Jeunesse sandiniste, Miguel d'Escoto était ministre des Affaires étrangères et Edgar Parrales était diplomate.
Hugo Torres, qui était alors à la tête de la direction politique de l'armée nicaraguayenne, a rappelé que la sécurité était renforcée pour protéger le pape, notamment parce qu'un jour avant l'arrivée du pape, 17 jeunes sandinistes ont été tués par les "Contras", le groupe contre-révolutionnaire financé par les États-Unis qui a mené une guerre civile contre les sandinistes pendant une décennie.
Jean-Paul II s'est ensuite rendu en hélicoptère à León, où il a adressé quelques brèves paroles aux fidèles présents avant de rentrer à Managua.
Les perturbations de la messe et la réponse du pape
Au début de la messe et devant les centaines de milliers de personnes présentes, l'archevêque de Managua de l'époque, Miguel Obando Bravo, a salué Jean-Paul II et a comparé sa visite à celle effectuée par le pape Jean XXIII dans une prison de Rome.