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Soyez "la voix des sans-voix" : Un évêque éthiopien s'adresse à la communauté internationale au sujet de la guerre au Tigré

La guerre qui vient de reprendre au Tigré, la région la plus septentrionale de l'Éthiopie, est la plus importante "de notre planète en ce moment", a déclaré l'évêque d'Adigrat dans la nation de la Corne de l'Afrique, et a appelé la communauté internationale à être "une voix pour les sans-voix" des Tigréens qui vivent une crise humanitaire mordante dans la région assiégée.

Dans un message obtenu par ACI Afrique le jeudi 13 octobre, Mgr Tesfasellassie Medhin appelle l'attention du monde à agir pour mettre fin à ce qu'il décrit comme "l'extrême souffrance de la population du Tigré causée par la guerre génocidaire et le siège en cours".

"L'extrême brutalité a été la marque de la guerre génocidaire dévastatrice en cours au Tigré. Personne ne peut supposer l'ampleur de la douleur endurée par l'ensemble de la population assiégée et totalement bloquée de tous les services de base depuis si longtemps", déclare Mgr Medhin.

Il ajoute : "Dans cette situation critique, nous pensons que les institutions civilisées locales et internationales et les éléments épris de paix doivent exercer leur devoir moral, être une voix pour les sans-voix et appliquer les traités internationaux pour sauver plus de 7 millions de vies de la disparition."

Dans son message daté du 5 octobre, l'évêque catholique donne des détails sur ce qu'il décrit comme "un siège et une souffrance existants", caractérisés par des attaques de drones et d'avions et une "pluie massive et indiscriminée de tirs d'artillerie" sur les civils dans les lieux bondés, les centres urbains et semi-urbains, les places de marché, les installations sanitaires et éducatives.

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Ces attaques, dit-il, détruisent la vie de civils innocents qui, selon lui, ont perdu tout moyen de faire face à ce "terrorisme monstre".

"Les bombardements aériens et les tirs d'obus continus et brutaux sur les villes et les villages de tous les districts de la région frontalière proche du nord et de l'est du Tigre entraînent une destruction incalculable de vies et de biens", déclare Mgr Medhin, qui cite des régions telles que Mekelle, Wukro, Adyabo, Sheraro, Shire, Rama, Adi Daero, Dedebit et Adigrat parmi les endroits qui ont été la cible de tirs nourris.

Il appelle la communauté internationale à porter son attention sur la situation préoccupante du Tigré, notant que ce qui se passe dans la région "est la plus grande guerre active qui se déroule actuellement sur notre planète, dévorant le plus grand nombre de vies humaines productives".

Le Tigré, région frontalière de l'Érythrée, a été décrit comme "la guerre invisible du monde" qui a laissé 5,2 millions de personnes dans un besoin urgent d'aide alimentaire.

Plus de 150 000 personnes seraient mortes de faim uniquement, sans parler des meurtres aveugles, des viols et autres actes de violence dans la crise du Tigré qui a débuté en novembre 2020.

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Des rapports ont également fait état de violations flagrantes des droits de l'homme dans la région éthiopienne du Tigré, où des militaires ont été accusés de violer des femmes, y compris des religieuses catholiques.

Le New York Times a rapporté que le conflit au Tigré est "également énorme" mais que le regard du monde est largement fixé sur la guerre en Ukraine.

Selon l'agence de presse internationale, les combats ont atteint leur niveau le plus intense au cours des dernières semaines.

Dans son message daté du 5 octobre, Mgr Medhin déplore le désarroi de la population tigréenne où, selon lui, toutes les opérations humanitaires destinées à sauver des vies sont "presque totalement arrêtées".

Il note que les médicaments essentiels pour les patients chroniques ne sont plus disponibles, ajoutant : "En outre, il est extrêmement difficile de se déplacer dans les zones rurales du Tigré pour voir ce qui se passe parce qu'il n'y a pas de carburant et la situation humanitaire devrait être très grave et nécessiter une action rapide avec tous les moyens possibles pour aider les gens dans cette situation désespérée."

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Le chef de l'Église catholique, âgé de 69 ans, qui est à la tête de l'éparchie catholique d'Adigrat, sa région natale, depuis son ordination épiscopale en janvier 2002, affirme que les victimes de viol dans la région assiégée ne peuvent pas recevoir de soins post-viol et restent avec leurs blessures à cause du siège complet.

"En plus de vivre ce siège et ce blocage planifiés par l'État, c'est une réalité déchirante [...] que de devoir vivre avec plus d'un million et demi d'écoliers qui ont été privés de leur droit à l'éducation pendant trois ans", déplore-t-il.

Dans son appel à une aide urgente, l'évêque éthiopien déclare : "L'Église catholique du Tigré demande instamment à tous les réseaux catholiques et à nos partenaires, les chefs religieux nationaux et internationaux, les agences et organisations des Nations unies, les gouvernements démocratiques, la communauté internationale éprise de paix, de condamner ces actes génocidaires brutaux et de nous rejoindre par tous les moyens dont vous disposez pour soulager la souffrance humaine inexplicable de notre population".

Il appelle les parties impliquées dans la guerre du Tigré à cesser les bombardements et les tirs aveugles sur des civils innocents, et à permettre "de toute urgence" l'accès humanitaire à toutes les parties de la région.

L'évêque catholique appelle également les parties en conflit à instaurer un cessez-le-feu et à faire progresser le dialogue politique afin de garantir une paix durable au Tigré.

Il exprime sa reconnaissance aux agences internationales et aux mouvements de la diaspora, tels que les Femmes Tegaru pour le Tigré, qui, selon lui, se sont engagés à soulager les souffrances du peuple de Dieu dans la région la plus au nord de l'Éthiopie.

"Je reste également très reconnaissant à nos partenaires locaux et internationaux qui nous soutiennent, ainsi qu'à tous ceux qui œuvrent pour mettre fin à cette pénible crise humanitaire et existentielle au Tigré et ailleurs dans le pays", déclare Mgr Medhin.

Il ajoute : "A toutes les élites politiques, les activistes et les médias - qui réalisent la gravité de cette situation et travaillent pour une inspiration et des engagements positifs, nous reconnaissons vos nobles actions, nous vous exhortons, continuez à en faire plus, et nous prions pour que vos travaux courageux portent leurs fruits."

"L'éparchie catholique d'Adigrat, qui vit elle-même cette situation génocidaire extrêmement douloureuse au Tigré, réaffirme comme d'habitude son engagement à être solidaire de la sympathie, des prières et des œuvres de charité avec toutes les personnes qui traversent une souffrance inexplicable au Tigré et dans tout le pays", indique l'évêque catholique éthiopien dans son message daté du 5 octobre.

Agnes Aineah