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En Eswatini, un évêque déplore les meurtres de policiers et réitère son appel au "dialogue national"

L'évêque du diocèse de Manzini en Eswatini a déploré les meurtres d'agents de sécurité dans le royaume d'Afrique australe.

Dans sa déclaration du mercredi 19 octobre partagée avec ACI Afrique, Mgr José Luís Gerardo Ponce de León, qui réitère ses appels au "dialogue national", condamne le meurtre de deux policiers à Manzini "en plein jour" et met en garde le peuple de Dieu d'Eswatini contre la recherche de "la violence comme seule solution possible".

"Le 18 octobre 2022, a vu à Manzini le meurtre de deux autres membres de la police en plein jour", déclare Mgr Ponce de León, et ajoute : "Les meurtres semblent être devenus partie intégrante de nos vies ordinaires."

Il poursuit : "Le choix de la mort se manifeste également à travers d'autres formes de violence : incendies criminels, destruction de biens, instillation de la peur, absence d'espaces pour exprimer les simples cris, gaz lacrymogènes, appels à répondre à la violence par davantage de violence, même en utilisant des passages bibliques, comme si Dieu pouvait soutenir le choix de la mort plutôt que de la vie."

Le membre des Missionnaires de la Consolata (IMC) d'origine argentine, à la tête du diocèse de Manzini depuis son installation en janvier 2014, décrie les meurtres visant les agents de sécurité, en déclarant : "Il est clair que nous ne voyons plus les uns dans les autres le Dieu à l'image duquel nous avons été créés (Gn 1, 27) et avec Caïn, nous demandons sarcastiquement : "Suis-je le gardien de mon frère ?"".

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"Nous avons pris la place de Dieu comme créateur, décidant de la vie des autres. Nous l'avons rejeté en tant que Père, car nous ne nous considérons plus comme des frères et des sœurs, mais nous avons choisi le "jeu du blâme" en étiquetant les autres comme des adversaires, des terroristes, des oppresseurs, des ennemis", ajoute-t-il.

L'évêque de 61 ans, qui a débuté son ministère épiscopal en avril 2009, ajoute : "Une société qui accepte ce niveau de violence est condamnée à en connaître des niveaux encore plus élevés, ce qui ne peut qu'engendrer davantage de morts et de souffrances."

Dans la déclaration du 19 octobre, Mgr Ponce de León réitère l'appel du Conseil des Églises du Swaziland (CSC) au dialogue national qui a été proposé l'année dernière pour faire face à la situation politique du pays.

Selon lui, "c'est au plus fort de la violence que le pays a connue en 2021 que le Conseil des Églises du Swaziland a appelé à un dialogue national afin de la désamorcer."

"Chaque famille sait que, connaissant des tensions et des conflits, la seule façon d'avancer est de s'asseoir, de s'écouter et de discerner ensemble la voie à suivre", dit-il.

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L'Ordinaire du lieu de l'unique diocèse catholique d'Eswatini note que le mot "dialogue" initialement "reporté" semble aujourd'hui avoir "disparu" "de notre vocabulaire ; je continue de croire que le dialogue est la seule réponse possible."

Il déplore la colère ressentie par les Emaswati, en particulier les jeunes, "car ils ne voient aucune réponse à leur frustration et aucun espace pour l'exprimer."

Les jeunes d'Eswatini, dit Mgr Ponce de León, "ont le sentiment que certains sont des citoyens à part entière et d'autres des citoyens de seconde zone. Certains semblent avoir accès à toutes les opportunités du pays et les autres aux restes. Dans leur agitation, ils peuvent être facilement trompés par ceux qui leur proposent la violence comme seule solution possible", déclare le chef de l'Église catholique.

Il poursuit en exprimant sa gratitude à la Commission catholique pour la justice et la paix (CCJP) pour "avoir ouvert des espaces de dialogue dans les communautés locales et pour avoir lancé des clubs de paix dans certains lycées catholiques, aidant ainsi nos jeunes à se former à la non-violence".

Mgr Ponce de León exprime également sa gratitude envers l'engagement diocésain qui offre "des conseils aux victimes de toute violence vécue. C'est un signe que, comme le bon Samaritain, nous choisissons d'avoir de la compassion, de nous arrêter sur notre chemin et de nous approcher de ceux qui se trouvent sur la route pour leur offrir la guérison."

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Sheila Pires