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Les évêques du Gabon répondent aux accusations de silence sur les "enlèvements et meurtres rituels"

Mgr Mathieu Madega Lebouakehan, évêque du diocèse de Mouila au Gabon, qui est à la tête de la Conférence épiscopale. Domaine public Mgr Mathieu Madega Lebouakehan, évêque du diocèse de Mouila au Gabon, qui est à la tête de la Conférence épiscopale.
Domaine public

Sur fond d'accusations portées contre les évêques catholiques du Gabon pour avoir gardé le silence sur les enlèvements et les meurtres rituels dans ce pays d'Afrique centrale, le président de la Conférence épiscopale du Gabon a dans un message de carême, pris la défense des dirigeants de l'Église, réaffirmant l'engagement de celle-ci dans la dénonciation du mal dans la société.

"L’Église - qui à chaque messe célèbre la gloire de Dieu, instruit et encourage les fidèles, dénonce les maux qui se développent dans la société et interpelle les consciences par des homélies - ne peut rester silencieuse", a déclaré Mgr Mathieu Madega Lebouakehan dans un message diffusé dimanche 1er mars.

"La Sainte Église catholique, fondée par Jésus-Christ lui-même, a pour mission d'annoncer le Christ : enseigner, sanctifier et gouverner le peuple de Dieu", a-t-il ajouté.

Mgr Madega a fait valoir que les dirigeants de l'Église catholique s'expriment toujours contre les "crimes rituels" et que "seuls ceux qui sont distraits ou qui ne fréquentent pas l'Église catholique, ou encore ceux qui l'ignorent complètement, peuvent dire que l'Église catholique est silencieuse".

L'évêque du diocèse de Mouila auGabon a rappelé que le 28 décembre de chaque année, "l'Eglise du Gabon prie spécialement pour ces crimes qui sont un mal abominable et inqualifiable, sans omettre son soutien à l'Association de lutte contre les crimes rituels (A.L.C.R.). ”

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Il a ajouté : "Dans l'homélie de la messe de clôture de notre Assemblée plénière en janvier dernier, que ces crimes ont été vigoureusement dénoncés".

Le prélat gabonais de 59 ans a souligné la position de l’Église sur la vie humaine en disant : "La culture de défense de la vie - de la conception à la mort naturelle - face à la culture de la mort est une option fondamentale pour l’Église au Gabon à tout moment et en tout lieu. ”

Les dirigeants de l'Église catholique au Gabon ont été victimes d'attaques ces derniers temps suite à une recrudescence des enlèvements et des meurtres rituels.

Le mois dernier, des individus non identifiés ont utilisé des peintures tachées de sang sur la clôture centrale de la cathédrale Sainte-Marie à Libreville, la capitale du Gabon, pour dénoncer des crimes d'enlèvement d'enfants, en particulier celui de Rinaldi, 3 ans, qui a mystérieusement disparu du village d'Abbé, près de Bitam dans la province de Woleu-Ntem (nord du pays).

Des messages tels que "L'église du silence face aux crimes". "Dieu vous jugera" et "Chrétien, quel Dieu pries-tu pour accepter le mal au Gabon" étaient également inscrits sur les murs de l'église de la cathédrale.

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Plusieurs messages circulent également sur les réseaux sociaux pour condamner le silence de l'Église au Gabon face à ces crimes odieux.

"Il y a beaucoup de messages, voir plus de messages. Et face aux différents messages que vous recevez, lisez ou écoutez, vous devez pouvoir discerner, c'est-à-dire bien choisir", a déclaré Mgr Madega dans la déclaration en 8 points.

"Le discernement, le bon choix des messages, est très important", a fait remarquer le prélat dans son message et a ajouté : "Surtout, n'acceptez pas les messages qui portent en eux des germes de mort, des germes de malédiction. Chacun de vous veut la vie et la bénédiction. Donc, évitez les messages qui donnent la mort et la malédiction".

Selon Mgr Madega, "la foi est un don vital et très précieux. Et en tant que chrétiens, évitez les messages qui "souillent" et "défigurent" l'Église du Christ, qui sapent et détruisent tout le Credo ou une partie seulement du Credo, le résumé de la Foi".

Face à tout message qui leur est délivré, l'Ordinaire du diocèse de Mouila au Gabon a encouragé les chrétiens à se demander si "le message m'encourage à rester ferme dans la Foi et à la faire grandir", ou au contraire, s'il me décourage et tente d'éteindre ma Foi".

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"Croire "en l'Église" et la dénigrer en même temps n'est pas digne d'un chrétien", a déploré le prélat et l'a mis en garde, "il est très dangereux d'élever, de soutenir et de propager contre l'Église catholique, des messages incivils et insultants, inexacts et faux, irrévérencieux et pernicieux, mauvais qui conduisent à l'impiété". Par conséquent, fuyez ce genre de messages, effacez-les.

"L’Église catholique encourage les chrétiens à avoir une Bible", a dit le prélat et a demandé "Comment se fait-il que les catholiques puissent encore croire au GRAND MENSONGE selon lequel l’Église catholique leur cache la vérité, la vérité qui est dans leur Bible et la Bible est entre leurs mains ?

"L’Église offre-t-elle des bibles dont les pages ont été retirées ?" s'interroge-t-il.

Les prélats gabonais ont cependant mis en garde les chrétiens contre "les interprétations erronées de la Bible lorsqu’ils utilisent des versets hors contexte, refusent de reconnaître le vrai sens des mots, ignorent les genres littéraires et l'usage biblique de certaines expressions, ou alors contredisent les paroles mêmes du Christ telles qu'elles ont été comprises et transmises par les Apôtres et leurs successeurs jusqu'à nos jours".

L'évêque, qui est également le modérateur de la Fédération Biblique Catholique du Gabon, a exprimé l'espoir que l'invitation actuelle au discernement, au bon choix des messages, puisse aider ceux qui sont distraits, "à se convertir, à connaître la vérité et à revenir à la raison, une fois qu'ils ont été libérés des filets du diable, qui les tient captifs et esclaves à volonté.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.