"J'ai été indigné par les réponses données par le Premier ministre justifiant la répression féroce des forces de sécurité, sans un mot de sympathie pour les nombreuses familles endeuillées ou en détresse dans la recherche de leurs membres disparus", indique l'archevêque.
Il poursuit : "Je n'ai toujours pas compris les causes de cette folie meurtrière qui a conduit des citoyens tchadiens à faire subir à d'autres citoyens des traitements inhumains et dégradants, notamment des exécutions sommaires et des déportations dans les prisons du Nord."
"Comment expliquer le fait que les proches soient empêchés de retirer les restes mortels de leurs victimes des répressions et de les enterrer ?". Mgr Djitangar pose, et s'interroge encore : "Pourquoi cette traque continuelle des citoyens dont le crime est d'être dans l'opposition ? Est-ce un crime d'avoir le drapeau tchadien chez soi ?"
L'image du Tchad, estime l'Ordinaire du lieu de N'Djamena, "a été ternie par la barbarie de cette répression, et ceux de nos partenaires habituels qui commençaient à nous témoigner un peu de sympathie pour les inondations se sont retrouvés bloqués dans leur générosité."
En avril 2021, le président Idriss Déby Itno qui était à la tête du pays depuis 1990 est décédé après avoir succombé à des blessures qui auraient été causées par une bataille avec le Front pour le changement et la concorde au Tchad (FACT), un groupe rebelle de l'armée dissidente dans la partie nord du pays.
Après sa mort, un conseil de transition composé d'officiers militaires et dirigé par le fils de Deby, Mahamat, en tant que président par intérim, a commencé à superviser la période de transition du Tchad pour les 18 mois à venir.
Le 8 octobre, le chef militaire tchadien, Mahamat, a été nommé président de la transition à la suite des délibérations du Dialogue national inclusif (DNI) du pays, rapporte RFI. Il a prêté serment le 10 octobre en tant que président d'une période de transition de deux ans avant la tenue d'élections "démocratiques", une décision qui a déclenché les manifestations du 20 octobre.
Lors d'une conférence de presse organisée à la suite des troubles, le Premier ministre tchadien, Saleh Kebzabo, a déclaré : "Les manifestants avaient des armes à feu et ils sont considérés comme des rebelles. Les forces de sécurité n'ont répondu qu'en cas de légitime défense."
Dans sa lettre du 2 novembre, Mgr Djtangar qualifie les propos du Premier ministre Kebzabo de "maladroits".
"L'explication maladroite donnée par le gouvernement pour justifier le comportement des forces de sécurité n'a convaincu personne", déclare cet évêque catholique de 70 ans qui a commencé son ministère épiscopal en février 1992 en tant qu'Ordinaire du lieu du diocèse de Sarh au Tchad.