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"Il est inadmissible que le pays soit pris en otage" : Les évêques de la RD Congo.

Membres du Comité permanent de la Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo (CENCO) CENCO Membres du Comité permanent de la Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo (CENCO)
CENCO

Les évêques de la République démocratique du Congo (RDC) ont accusé le gouvernement de coalition du pays de prendre la nation "en otage" en s'occupant égoïstement de ses positions politiques au lieu de servir le peuple congolais et ont qualifié cette tendance d'"inacceptable". 

"De nombreux problèmes auxquels le pays est confronté restent sans solution adéquate en raison de la crise actuelle de la coalition. Il est inacceptable que le pays soit pris en otage par un accord qui, de plus, est occulte", peut-on lire en partie dans une déclaration du Comité permanent de la Conférence épiscopale de la République démocratique du Congo (CENCO).

"Les alliés semblent plus préoccupés par leurs positions politiques que par le service à rendre au Peuple qui continue de languir dans la pauvreté", ont déploré les prélats dans la déclaration lue par le Secrétaire Général de la CENCO le lundi 2 mars. 

Ils ont déploré que "des tensions inquiétantes couvent au sein de la coalition au pouvoir, affectant la gouvernance et sapant le fonctionnement de l'appareil d'État". 

Le président Felix Tshisekedi a pris ses fonctions en janvier 2019 après avoir remporté une élection qui, selon les observateurs, a été entachée d'irrégularités et les opposants dénoncés comme truqués.

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Sept mois après son investiture, le président Tshisekedi a formé un gouvernement de coalition qui comprenait une majorité de membres du régime précédemment perturbé de l'ancien président Joseph Kabila.

Le gouvernement de coalition a mis un frein aux ambitions déclarées de Tshisekedi de réformer un pays marqué par la corruption et les violations des droits, a rapporté l'Afrique de l'Est.

Dans leur déclaration collective, les évêques de la RDC ont exprimé leurs préoccupations concernant la corruption au sein du gouvernement en disant : "nous sommes témoins de l'enrichissement injustifiable et scandaleux d'une poignée d'acteurs politiques aux dépens de la grande majorité de la population".

"Pour aggraver les choses, ces détournements sont l'œuvre de ceux-là mêmes qui sont appelés à être les garants du bien commun", ont déclaré les évêques, qui ont ajouté : "Les mesures annoncées pour lutter contre ces maux restent inefficaces".

Les membres de la CENCO dénoncent également la réticence du gouvernement à organiser des élections locales, un an après sa prise de fonction.

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"Malgré la pétition initiée par la CENCO et l’Église du Christ au Congo (ECC), qui a recueilli plus de deux millions de signatures, les élections locales, qui devraient garantir la proximité et la responsabilité des gouvernements de base, semblent être reportées et les réformes souhaitées avant ces élections n'ont pas encore commencé", ont noté les dirigeants de l'Église dans leur déclaration. 

Dans ce contexte, les évêques ont proposé certaines mesures au président de leur pays, à la communauté internationale, aux membres du Parlement (MP) et au peuple de Dieu en RDC. 

"Poursuivre les efforts de rétablissement de la paix dans les zones d'insécurité", ont exhorté les prélats au chef de l'État et lui ont en outre demandé de "veiller à ce que les enquêtes ouvertes sur les détournements de fonds publics ne soient pas une imposture, mais aboutissent à des résultats tangibles dans l'intérêt du pays".

Les chefs religieux souhaitent également que le président de leur pays renforce la lutte contre la corruption et mette fin à la politisation du système judiciaire, de l'administration publique et de la gestion des entreprises publiques.

Aux députés, les évêques ont imploré d'être sensibles à la douleur et à la souffrance des Congolais.

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Les prélats congolais demandent également aux députés de "respecter les dispositions réglementaires de l'organisation de l'opposition au niveau de l'Assemblée nationale et d'être à l'écoute des forces vives du pays afin d'engager les réformes consensuelles nécessaires à la consolidation de la démocratie".

S'adressant aux membres de la communauté internationale, les évêques ont déclaré : "Établir des relations justes dans un partenariat franc et sincère, et aider la RD Congo à trouver des solutions durables aux crises multiformes dans lesquelles elle se trouve. ”

Enfin, on a dit au peuple congolais de "tenir bon et de ne pas perdre espoir, car l'espoir ne faiblit jamais".

"Restez vigilants dans l'exercice du contrôle des citoyens sur les institutions", ont déclaré les évêques, ajoutant qu'ils devraient "exiger des élections locales et des réformes connexes".

"Que l'intercession de la Bienheureuse Vierge Marie, Reine de la Paix et de Notre-Dame du Congo, soutienne nos efforts de conversion. Puisse-t-elle consolider toute initiative de réconciliation, de justice et de paix dans notre pays", conclut la déclaration.