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Les évêques catholiques de la RD Congo dénoncent la "détérioration de la sécurité" et appellent à une action collective

Les évêques catholiques de la République démocratique du Congo (RDC) ont exprimé leur inquiétude quant à l'insécurité dans la nation centrafricaine et appellent à une action collective pour restaurer la paix.

Dans une déclaration publiée jeudi 10 novembre, les membres de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO) soulignent les cas d'insécurité enregistrés dans le pays ces derniers temps et appellent à une responsabilité collective pour rétablir la paix.

" Nous sommes préoccupés par la dégradation de la sécurité dans notre pays et mus par notre mission prophétique, nous tirons la sonnette d'alarme sur le danger que court notre pays et sur la responsabilité de chacun d'entre nous ", indiquent les membres de la CENCO dans leur message publié à l'issue de leur Assemblée plénière extraordinaire du 7 au 9 novembre à Kinshasa.

Les évêques catholiques notent que "depuis le 13 juin 2022, certaines localités du Nord-Kivu, notamment Bunagana, Rutshuru et Kiwanja ont été successivement occupées à nouveau par les rebelles du M23 avec, selon des sources fiables, l'appui militaire du Rwanda et même de l'Ouganda."

"En plus des pertes en vies humaines, tant dans les rangs des FARDC (Forces de défense de la RDC) que dans la population civile, l'occupation de ces localités a entraîné des déplacements massifs de la population", décrient encore les membres de la CENCO.

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Ils ajoutent : "En Ituri comme au Nord-Kivu, malgré l'état d'urgence et plusieurs mesures prises par les autorités pour sécuriser notre pays, nous constatons que le nombre de morts ne fait qu'augmenter."

Les responsables de l'Église catholique regrettent que "la communauté internationale et les organisations régionales qui disposent des leviers pour rendre justice au peuple congolais affichent une attitude hypocrite qui révèle une certaine complicité."

Dans leur déclaration de quatre pages intitulée "L'heure est grave. Notre pays est en danger", les membres de la CENCO affirment que la nation centrafricaine "assiste dans sa partie occidentale, plus précisément dans les territoires de Kwamouth et Bagata, à un conflit foncier intercommunautaire de grande ampleur entre les Tékés et les non-Tékés (principalement les Yaka) qui ont toujours vécu en harmonie".

"Des centaines de personnes ont perdu la vie et beaucoup sont obligées d'errer et de vivre dans des conditions dramatiques. Curieusement, cette situation persiste malgré le déploiement des forces de l'ordre", déplorent les évêques catholiques de RDC.

Ils ajoutent : " Au Kongo Central, notamment à Kimpangu, Mbanza-Ngungu et Sona-Bata, beaucoup de nos compatriotes sont expulsés de leurs villages, leurs maisons détruites et, plus grave encore, leurs cimetières profanés, car leurs terres sont vendues, au mépris de leurs droits, à des étrangers non identifiés. "

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Dans le contexte des défis soulignés, les membres de la CENCO disent : "Notre Nation est en danger ! Si nous ne faisons pas attention, nous nous réveillerons un matin avec un pays balkanisé d'une manière ou d'une autre."

"Le risque est grand de voir le pays se disloquer. Il est donc impératif que chacun d'entre nous assume ses responsabilités civiques", ajoutent les évêques catholiques de RDC.

Ils demandent au gouvernement de veiller à ce que le droit le plus élémentaire à la vie soit protégé, que la sécurité de tous les citoyens soit garantie et que l'intégrité territoriale du pays soit sauvegardée.

Pour ce faire, disent les membres de la CENCO, "un effort collectif est nécessaire et doit être efficace."

"Il est impératif de réduire le coût de la vie de nos institutions et de nos dirigeants afin de renforcer nos moyens de défense, de moderniser et d'équiper notre armée en conséquence et de motiver nos forces de sécurité", ajoutent-ils.

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Dans leur message en 19 points, les évêques catholiques de RDC affirment : "Il convient de mettre en place un large cadre national, au-delà des affinités politiques, afin d'évaluer les initiatives déjà prises en vue de décider de nouvelles stratégies pour sauver la nation."

"Nous sommes également convaincus qu'aucune solution durable à l'insécurité ne sera possible sans une véritable justice", affirment les membres de la CENCO, qui ajoutent : "A cet égard, nous déplorons le fait que les personnes identifiées comme responsables de milliers de morts ne soient jamais interrogées."

Ils encouragent en outre "les efforts diplomatiques comme solution possible à la tragédie que nous vivons."

Les membres de la CENCO soulignent "l'extrême nécessité de répondre d'urgence aux besoins des personnes déplacées qui, jusqu'à présent, n'ont pas été suffisamment assistées."

"La défense de notre patrie ne doit pas être laissée au seul gouvernement", affirment les responsables de l'Église catholique, avant d'ajouter : "En ce moment crucial, mettons de côté les différences politiques et unissons nos efforts pour être plus forts face à l'ennemi."

Ils poursuivent : "Ne croisons pas les bras. En tant que Peuple, uni et debout, nous sommes une force. Restons vigilants et mobilisons-nous ! Avec des moyens pacifiques, nous sommes capables de vaincre ceux qui convoitent notre beau et riche pays."

"Que la Vierge Marie, Notre-Dame du Congo, intercède pour nous en ce moment de notre histoire", implorent les membres de la CENCO dans leur message du 10 novembre.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.