"La guerre est la négation de tous les droits et un assaut dramatique contre l'environnement. Si nous voulons un véritable développement humain intégral pour tous, nous devons travailler sans relâche pour éviter la guerre entre les nations et les peuples", affirme le pape François.
Dans sa réflexion à la suite de la conférence de Rome, M. Ashworth note que plus profondément que le simple fait d'éviter la guerre (et d'autres formes de violence institutionnalisée comme la peine capitale), la non-violence appelle le peuple de Dieu à une nouvelle spiritualité, un nouveau mode de vie qui respecte la dignité humaine de chaque individu, quel que soit le côté du conflit où il se trouve.
"En tant que chrétiens, nous n'avons pas d'ennemis - tous sont nos sœurs et nos frères, créés à l'image et à la ressemblance de Dieu, et en qui nous voyons le Christ ! Et comme nous l'a enseigné l'homonyme du Saint-Père, saint François d'Assise, toute la création est aussi nos sœurs et nos frères, de sorte que le respect non violent doit aussi s'étendre à notre environnement, qui est en crise en ce moment", dit l'auteur.
Il décrit la non-violence comme un concept plus large que le pacifisme : "Elle est bien plus que l'absence de violence et elle n'est jamais passive. La violence est totalement opposée à l'Évangile ; la non-violence est au cœur de l'Évangile."
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"La non-violence est un paradigme de la plénitude de la vie. C'est une spiritualité, une force constructive, une méthode de transformation sociale, et un puissant mode de vie engagé pour le bien-être de tous", dit M. Ashworth.
La non-violence active fonctionne, dit-il, ajoutant : "Beaucoup de gens pensent peut-être que ce serait une bonne chose, mais ils ne croient pas que la violence puisse être combattue avec succès par la non-violence."
Ce missionnaire catholique à la retraite, basé au Kenya, se réfère à une étude factuelle intitulée "Why Civil Resistance Works" (Pourquoi la résistance civile fonctionne), réalisée par Erica Chenoweth et Maria Stephan, qui, selon lui, montre que la résistance non violente a deux fois plus de chances de réussir qu'une lutte violente.
Selon lui, la non-violence a beaucoup plus de chances de produire une société pacifique, stable, démocratique et respectueuse des droits de l'homme après la lutte qu'une lutte de libération violente.
M. Ashworth affirme que c'est la non-violence qui a permis de renverser une dictature militaire brutale au Soudan en 2019, ajoutant : "Bien que les militaires aient fini par lancer un nouveau coup d'État, la lutte non-violente se poursuit."
Il rappelle que le Soudan du Sud, quant à lui, a obtenu son indépendance après une violente guerre civile de 22 ans, mais que cette violence n'a pas produit une société juste et stable car à peine deux ans plus tard, le nouveau pays a replongé dans un nouveau conflit fratricide.
Il note que de nombreux pays africains ont connu de violentes luttes de libération, que ce soit contre le mal du colonialisme ou les excès des régimes militaires, ainsi que des conflits ethniques et religieux. Dans tout cela, dit M. Ashworth, on est de plus en plus conscient que répondre à la violence par la violence n'apporte pas la paix.
"La violence engendre plus de violence dans un cycle sans fin qui doit être brisé", dit l'auteur catholique, ajoutant qu'au Soudan du Sud, les responsables de l'Église catholique et du conseil des Églises ont inclus des citations du message du pape François pour la Journée mondiale de la paix 2017, "La non-violence : Un style de politique pour la paix" dans leurs messages pastoraux.
Les dirigeants de l'Église, dit-il, n'ont cessé de lancer des appels à la paix.
Ashworth reconnaît que la formation à la résistance non-violente commence peu à peu dans de nombreux pays africains.
Un mouvement non violent, souligne-t-il, doit être engagé, organisé, discipliné et formé.
"Il y aura des victimes... mais les militants non violents sont moralement en position de force et, peu à peu, leur nombre est gonflé par des gens ordinaires, jeunes et vieux, femmes et hommes, au-delà des clivages religieux, ethniques et politiques, des gens qui veulent simplement une société juste et pacifique dans laquelle ils pourront élever leurs enfants et leurs petits-enfants", dit-il.
Dans sa réflexion partagée avec ACI Afrique, M. Ashworth exhorte le peuple de Dieu à réfléchir à la non-violence, maintenant que la plupart des endroits dans le monde connaissent une guerre d'une sorte ou d'une autre.
"Une guerre brutale entre nations se déroule en Ukraine, et des guerres civiles non moins brutales se poursuivent en Afrique et dans de nombreuses autres régions du monde. Le pape François a décrit la situation actuelle comme "une troisième guerre mondiale qui se déroule en plusieurs étapes". Le moment est certainement opportun pour réfléchir à la non-violence", dit-il.
Le missionnaire catholique à la retraite affirme que l'importance de l'Initiative catholique pour la non-violence pour l'Église universelle a été mise en évidence lors de la messe de clôture de la conférence qui s'est achevée le 7 décembre à Rome.
Le cardinal Robert McElroy et plusieurs évêques et archevêques de France, d'Allemagne, d'Italie, des Philippines et des États-Unis ont participé à la conférence, tandis que l'évêque sud-africain Kevin Dowling n'a pas pu y assister pour des raisons de santé, mais a suivi les débats de près sur WhatsApp.
Deux hauts fonctionnaires du Vatican ont également participé à la conférence. Il s'agit de la sous-secrétaire du Synode des évêques, Sœur Nathalie Becquart, et du professeur Emilce Cuda, secrétaire de la Commission pontificale pour l'Amérique latine, ainsi que du personnel du Dicastère du Vatican pour la promotion du développement humain intégral, dont le préfet est le cardinal Michael Czerny.