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Les chefs religieux kenyans remettent en question l'indépendance du ministère public et sa capacité à traiter les affaires

Les chefs religieux du Kenya remettent en question l'indépendance du bureau du directeur des poursuites publiques (DPP) et sa capacité à poursuivre les cas de corruption dans la nation est-africaine.

Dans une déclaration du jeudi 15 décembre lue aux journalistes, les chefs religieux, sous les auspices du Groupe de référence du dialogue (DRG), affirment que le DPP doit assurer aux Kenyans l'indépendance de son bureau et sa capacité à poursuivre les cas de corruption.

"Nous sommes préoccupés par le fait que le pays n'a pas fait preuve d'une volonté ferme de s'attaquer à la corruption et nous sommes choqués par la manière dont le directeur du ministère public abandonne des affaires concernant des crimes de haut niveau", déclarent les membres du DRG dans une déclaration publiée à l'issue d'une conférence de trois jours consacrée au dialogue national sur l'état de la nation.

Les chefs religieux, parmi lesquels figurent des représentants de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB), ajoutent que "la confession publique du DPP Noordin Haji, selon laquelle il a été influencé par le régime précédent pour piéger des personnes dans des affaires judiciaires, signifie que le bureau a perdu son indépendance et qu'on ne peut plus lui faire confiance".

En octobre, le DPP Haji a déclaré que l'ancien directeur des enquêtes criminelles (DCI), George Kinoti, avait fait pression sur lui pour qu'il inculpe le vice-président Rigathi Gachagua.

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M. Gachagua, ancien député de la circonscription de Mathira, a été inculpé de six chefs d'accusation de corruption portant sur 7,4 milliards de shillings (60 millions de dollars) en juillet 2021.

"Sur les accusations de DP Gachagua, la décision a été prise sur le seuil. Nous avons été poussés par le DCI lui-même par le biais des médias. Nous avons estimé qu'il y avait suffisamment de preuves pour porter des accusations, mais nous avons découvert par la suite que les documents étaient faux", a déclaré M. Haji dans une interview accordée aux médias locaux.

Dans leur déclaration du 15 décembre, les membres du DRG demandent au directeur du DPP de prendre le temps "de faire une introspection et de prendre des mesures décisives pour rassurer les Kenyans sur l'indépendance de cet organe constitutionnel clé".

Le DRG comprend des représentants du KCCB, de l'Alliance évangélique du Kenya (EAK), du Conseil national des églises du Kenya (NCCK), du Conseil hindou du Kenya (HCK), du Forum national des dirigeants musulmans, de l'Organisation des églises africaines instituées, de l'Église adventiste du septième jour, du Conseil suprême des musulmans du Kenya (SUPKEM) et du Shia Asna Asheri Jamaat.

Les chefs religieux du Kenya appellent également le président du pays à mettre en place un groupe de travail multisectoriel chargé de procéder à un examen objectif de la mise en œuvre de la Constitution kenyane de 2010.

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Ils affirment que la mise en place de ce groupe de travail est importante car elle permettra de tirer les leçons de l'échec du processus de révision de la Constitution du Kenya dans le cadre de l'initiative Building Bridges.

Les membres du DRG ajoutent : "Cela permettra de formuler des recommandations pour l'amendement de la Constitution et du cadre juridique de la nation. Le principe d'un processus de révision de la Constitution mené par le peuple doit être maintenu à tout moment".

"Nous avons néanmoins pris note du débat en cours dans le pays, et réitérons notre position selon laquelle le pays a besoin d'une opposition digne comme mesure de promotion de la responsabilité dans la gouvernance", disent-ils.

Ils poursuivent : "Nous exhortons le président à faciliter une participation publique adéquate afin que tous les Kenyans s'accordent sur la manière d'atteindre cette mesure."

Dans leur déclaration, les chefs religieux font également part de leurs préoccupations concernant les organismes génétiquement modifiés (OGM), le changement climatique, la pauvreté et les réformes économiques.

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Ils exhortent le gouvernement à suspendre la légalisation des OGM.

"Reconnaissant le discours public qui s'est élevé à la suite de la résolution du Cabinet de lever l'interdiction de l'importation et de la production d'organismes génétiquement modifiés, nous exhortons le gouvernement à suspendre cette décision jusqu'à ce qu'une participation publique adéquate ait été menée", disent-ils.

Les chefs religieux reconnaissent également les effets du changement climatique et de la faim dans le pays, en déclarant : "Il y a une grande détresse dans tout le pays en raison de l'insécurité alimentaire. De nombreuses familles continuent de dormir le ventre vide."

Les membres du DRG appellent le gouvernement à "lancer un processus multisectoriel qui inclut les gouvernements nationaux et des comtés afin de développer une stratégie nationale viable pour faire face au changement climatique et assurer la sécurité alimentaire pour tous."

"La pauvreté est une horreur qui continue de ravager les citoyens du Kenya. Nous demandons au gouvernement d'identifier et de mettre en œuvre des mesures qui donneront aux Kenyans les moyens d'absorber les chocs économiques et l'augmentation du coût de la vie", disent-ils.

Selon les membres du DRG, il est particulièrement nécessaire de "se concentrer sur les jeunes qui ont été exclus de la vie nationale. Nous recommandons un processus consultatif pour développer une stratégie de relance économique."