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L'insécurité au Nigeria : "les puissances mondiales regardent vers l'intérieur", selon un prélat.

Mgr Emmanuel Adetoyese Badejo, évêque du diocèse d'Oyo au Nigeria, et président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS) Domaine public Mgr Emmanuel Adetoyese Badejo, évêque du diocèse d'Oyo au Nigeria, et président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS)
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Dans la lutte contre les divers insurgés opérant au Nigeria, les nations industrialisées où sont fabriquées les armes utilisées par les mouvements rebelles doivent "regarder vers l'intérieur" et revoir leur rôle dans la promotion de l'insécurité, a déclaré un évêque de la nation la plus peuplée d'Afrique, le Nigeria, dans une interview à ACI Afrique.

"Partout où il y a des guerres et des conflits, il y a une main derrière qui profite de tout cela", a déclaré la semaine dernière l'évêque nigérian Mgr Emmanuel Badejo en réponse aux facteurs d'insécurité dans son pays.

Selon lui, outre les Africains eux-mêmes, les "puissances mondiales" qui fabriquent et vendent des armes sont un facteur important dans le défi de l'insécurité tant au Nigeria que dans d'autres régions d'Afrique.

"Ces armes très puissantes arrivent en Afrique et cela ne semble pas vouloir finir", a déploré l'évêque du diocèse d'Oyo au Nigeria.

"Je ne connais aucun pays africain qui produise des fusées. Je ne connais aucun pays africain qui produise des bombes", a réfléchi Mgr Badejo et il aussi a ajouté en référence à la série d'enlèvements, de tortures et de meurtres dans son pays, "Ce ne sont certainement pas seulement les Africains qui causent tous ces problèmes".

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Mgr Badejo, qui est également président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS), a appelé "ceux qui sont en dehors de l'Afrique et les soit disant puissances mondiales à se tourner vers l'intérieur et à faire un examen de conscience".

"S'ils veulent vraiment un monde meilleur et veulent aider l'Afrique, alors ils devraient arrêter les ventes d'armes légères et d'armes lourdes en Afrique et découvrir qui sont exactement ceux qui approvisionnent ceux qui causent tous les problèmes", a déclaré Mgr Badejo, faisant référence aux pays qui semblent "profiter de la crise" sur le continent par le biais du commerce des armes.

"Il est temps que le monde entier écoute car, au bout du compte, si cela tourne mal pour l'Afrique, cela va se répercuter sur le monde entier", a déclaré l'évêque Badejo. 

Il a également évoqué "le problème des immigrants" sur le continent en disant qu'il "fait partie des retombées des guerres en Afrique".

Il a déploré : "Après avoir détruit le territoire en Afrique, ils se retournent et se plaignent que nos jeunes émigrent en Europe".

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"Si les gens peuvent avoir un niveau de vie minimum et qu'ils doivent aller ailleurs pour trouver des pâturages plus verts et que les portes sont fermées, les murs sont dressés, c'est terrible", a déclaré le président de la CEPACS, le comité qui rassemble les évêques catholiques responsables de la communication dans les conférences du continent. 

Il a ajouté : "Le SCEAM a abordé cette question à la fin de la dernière assemblée et a appelé toutes les puissances mondiales à faire tout leur possible pour l'arrêter. Le Vatican a fait de même".

En parlant des récentes protestations pacifiques menées par les évêques au Nigeria le mercredi des

Cendres et le premier dimanche du Carême, au cours desquelles les dirigeants de l'Église du Nigeria ont appelé les organisations internationales à venir en aide à la nation, Mgr Badejo a déclaré que leur appel pouvait être pris pour de la "subversion".

Cependant, "Nous, les évêques, ne l'avons pas du tout vu comme ça", a-t-il précisé et expliqué, "Nous l'avons vu comme une responsabilité morale qui va au-delà du patriotisme, qui dépasse le statut de nation du Nigeria, parce que nous appartenons tous à une seule humanité et que nous sommes les enfants d'un seul Dieu. ”

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Dans l'interview accordée à ACI Afrique en marge de la réunion du Comité permanent du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), le prélat nigérian a déclaré que les solutions pour la paix dans son pays sont les bienvenues, d'où qu'elles viennent.

"Nous n'appelons personne à prendre le pouvoir au Nigeria, mais si cela peut arrêter les insurgés du Boko Haram, les bergers peuls, les ravisseurs, les bandits qui massacrent les gens chaque jour et brûlent leurs propriétés, alors c'est une responsabilité morale pour ceux qui sont même en dehors du Nigeria de faire quelque chose", a-t-il déclaré.

"Partout où la vie est compromise, il est important que tous ceux qui ont la capacité d'arrêter le gaspillage inutile de vies humaines fassent quelque chose pour y remédier", a ajouté Mgr Badejo.

Le prélat a en outre critiqué les dirigeants africains pour avoir reçu "des aides sous forme de chevaux de Troie qui détruisent le continent africain".

"Nos dirigeants doivent bien agir car ils ne semblent pas avoir le poids ou la force de dire non à certaines des prétendues aides qu'ils reçoivent", a-t-il conclu.