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Un évêque catholique dénonce les conséquences "terribles" du terrorisme sur le travail de l'Église au Burkina Faso

Le terrorisme au Burkina Faso a fait payer un lourd tribut au ministère de l'Eglise locale dans ce pays d'Afrique de l'Ouest, a déploré un évêque catholique dans un rapport.

Dans le rapport publié mardi 10 janvier par la fondation pontificale et caritative Aide à l'Eglise en Détresse (AED) International, Mgr Laurent Birfuoré Dabiré a déclaré qu'il trouvait regrettable que les agents pastoraux du pays ne puissent plus atteindre les chrétiens dans les zones rurales, car les terroristes occupent la plupart des régions du pays.

"Les conséquences de cette vague de terrorisme au cours des sept dernières années ont été terribles. D'un point de vue pastoral, nous ne pouvons plus nous déplacer comme avant", aurait déclaré à AED l'Ordinaire local du diocèse de Dori, qui est également président de la Conférence épiscopale du Burkina Faso et du Niger (CEBN).

Mgr Dabiré a ajouté : "Notre champ d'action est beaucoup plus réduit car les terroristes occupent les deux tiers du territoire du Sahel. Il ne nous reste, pratiquement, que les capitales provinciales".

L'évêque catholique burkinabé a dû fermer certaines paroisses de son siège épiscopal en raison de l'insécurité.

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"Le diocèse de Dori compte six paroisses, trois ont dû être fermées, et nous avons failli en fermer une autre cet été. Une autre est bloquée", aurait-il déclaré à AED.

Lorsqu'une région est gravement touchée par le terrorisme, Mgr Dabiré a déclaré : "Ce sont souvent les paroissiens eux-mêmes qui demandent que leurs prêtres soient envoyés dans un endroit sûr, car ils savent qu'ils seront plus en danger."

Depuis des années, le Burkina Faso est au centre d'attaques terroristes. Plusieurs groupes terroristes islamiques importants, affiliés à Al-Qaïda et à l'État islamique d'Irak et de Syrie (ISIS), sont actifs dans cette nation majoritairement musulmane.

Dans le rapport de l'AED du 10 janvier, Mgr Dabiré déclare que certains des terroristes "veulent éradiquer cette société et tous ceux qui ne professent pas la même marque d'islam qu'eux, y compris les musulmans, ce qui signifie que le terrorisme vise désormais la société dans son ensemble".

L'insécurité dans la nation sahélienne a déplacé 1,7 million de personnes et a conduit à des bonds importants dans les besoins humanitaires et l'insécurité alimentaire, selon le CIA World Factbook.

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L'évêque de Dori indique que le diocèse organise l'aide humanitaire et la pastorale des personnes déplacées.

"Nous avons organisé la pastorale des personnes déplacées à l'intérieur du pays, qui sont au nombre de deux millions à ce jour. Dans certains endroits, il y a des pénuries de nourriture et les communications sont coupées, nous ne parvenons à faire passer quelques messages que grâce à quelques organisations des Nations unies qui ont les moyens de les transmettre. Parfois, nous avons pu acheminer de la nourriture et des fournitures dans des zones isolées grâce aux convois militaires", dit-il.

Il ajoute : "La radio nous a été d'une grande aide pour atteindre les personnes déplacées, et lorsque les communications sont complètement interrompues, nous essayons d'utiliser les convois humanitaires et militaires pour envoyer de courts messages écrits à ceux qui sont isolés, pour leur fournir des informations et essayer de savoir comment ils vont."

"Nous nous adaptons à la situation du mieux que nous pouvons. C'est un moment difficile, mais j'y vois aussi des grâces : nous sommes unis dans cette situation difficile !" déclare Mgr Dabiré dans le reportage de l'AED du 10 janvier.