Pape François : Au cœur de la polarisation de l'Église, nous sommes appelés à dire la vérité avec charité

"Les chrétiens en particulier sont continuellement exhortés à garder notre langue du mal (cf. Ps 34, 13), car comme l'Écriture nous l'enseigne, avec la même langue nous pouvons bénir le Seigneur et maudire les hommes et les femmes qui ont été faits à la ressemblance de Dieu (cf. Jc 3, 9)", a-t-il écrit.

"Aucune parole mauvaise ne doit sortir de nos bouches, mais plutôt 'seulement celle qui est bonne pour l'édification, selon l'occasion, afin qu'elle communique la grâce à ceux qui l'entendent' (Ep 4, 29)."

Le message du pape a été publié le jour de la fête de saint François de Sales, le saint patron des écrivains et des journalistes.

"Intellectuel brillant, écrivain fécond et profond théologien, François de Sales fut évêque de Genève au début du XVIIe siècle, durant des années difficiles marquées par de vives disputes avec les calvinistes", a-t-il déclaré.

"Son attitude douce, son humanité et sa volonté de dialoguer patiemment avec tous, en particulier avec ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui, ont fait de lui un témoin extraordinaire de l'amour miséricordieux de Dieu."

Le pape François a rappelé que 2023 marquera le centenaire de la proclamation par le pape Pie XI de saint François de Sales comme patron des journalistes catholiques dans l'encyclique Rerum Omnium Perturbationem.

Il a fait remarquer que les mots du saint "le cœur parle au cœur" ont inspiré de nombreuses générations de chrétiens, dont saint John Henry Newman, qui en a fait sa devise, "Cor ad cor loquitur".

Saint François de Sales comprenait la communication comme "un reflet de l'âme", plutôt que comme "une stratégie de marketing", a déclaré le pape.

"L'une de ses convictions était : 'Pour bien parler, il suffit de bien aimer'", a-t-il dit. "Pour saint François de Sales, c'est précisément 'dans le cœur et par le cœur que s'accomplit un processus subtil, intense et unificateur dans lequel nous parvenons à connaître Dieu'."

Le pape François a dit rêver d'"une communication ecclésiale qui sache se laisser guider par l'Esprit Saint... qui sache trouver de nouvelles voies et de nouveaux moyens pour la merveilleuse annonce qu'elle est appelée à délivrer au cours du troisième millénaire."

Parlant du "processus synodal" en cours dans l'Église, le pape a déclaré qu'il existe un besoin pressant dans l'Église d'une "écoute sans préjugés" et d'une communication qui soit "un baume sur les blessures et qui éclaire le parcours de nos frères et sœurs."

Le pape a ajouté qu'avec la guerre en Ukraine, il est urgent de rejeter les formes de communication hostiles en faveur de "chemins qui permettent le dialogue et la réconciliation dans des lieux où la haine et l'inimitié font rage."

"Il est terrifiant d'entendre avec quelle facilité sont prononcées des paroles appelant à la destruction de personnes et de territoires. Des mots, malheureusement, qui se transforment souvent en actions guerrières d'une violence odieuse", a-t-il déclaré.

"C'est pourquoi toute rhétorique belliqueuse doit être rejetée, ainsi que toute forme de propagande qui manipule la vérité, la défigurant à des fins idéologiques. Au contraire, ce qu'il faut promouvoir, c'est une forme de communication qui contribue à créer les conditions pour résoudre les controverses entre les peuples."

Le pape François a conclu son message, signé dans la basilique Saint-Jean-de-Latran le 24 janvier, par une courte prière :

"Que le Seigneur Jésus, la Parole pure déversée du cœur du Père, nous aide à rendre notre communication claire, ouverte et sincère. Que le Seigneur Jésus, Verbe fait chair, nous aide à écouter le battement des cœurs, à nous redécouvrir frères et sœurs et à désarmer l'hostilité qui divise. Que le Seigneur Jésus, Verbe de vérité et d'amour, nous aide à dire la vérité dans la charité, afin que nous nous sentions protecteurs les uns des autres."