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Le Nigeria "vacille au bord du gouffre, cette élection est décisive" : Le cardinal dans son message de Carême

Un cardinal nigérian a, dans son message pour le Carême 2023, réfléchi aux élections générales au Nigeria prévues pour le 25 février, affirmant que le pays d'Afrique de l'Ouest "vacille au bord du gouffre" et que les élections sont "décisives".

Dans le message publié lundi 20 février, le cardinal Peter Ebere Okpaleke exhorte les Nigérians à "rechercher à la fois le royaume de Dieu et le royaume politique".

"Je n'ai jamais vu une élection dans laquelle de nombreux Nigérians, en particulier les jeunes, sont autant investis que dans celle qui s'annonce", déclare le cardinal Okpaleke en référence aux élections générales qui verront les électeurs nigérians élire le président, le vice-président, les membres du Sénat et ceux de la Chambre des représentants.

Les élections du gouverneur de 2023 devraient avoir lieu le 11 mars.

L'évêque du diocèse catholique d'Ekwulobia au Nigeria ajoute : "Il semble que les gens se soient réveillés à la réalité que leur bien-être est lié à celui de la société dans son ensemble, et que les décisions de ceux à qui sont confiées des positions politiques ont un effet d'entraînement pour le bien ou le mal."

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"La dégradation de la situation socio-économique et culturelle a contribué à cette mobilisation de masse", indique le cardinal nigérian, avant d'ajouter : "Le Nigeria vacille au bord du gouffre et cette élection est décisive. Il y a peu ou pas de place pour l'erreur".

Le cardinal Okpaleke souligne la nécessité pour l'électorat de la nation ouest-africaine de prendre une décision judicieuse au moment de voter le 25 février, et a mis en évidence les qualités à prendre en compte.

"Une mauvaise décision est synonyme de malheur pour les citoyens. Il y a donc une prise de conscience à travers les lignes religieuses, ethniques, géopolitiques et même les partis, que la vision, la compétence, le caractère, la crédibilité et les antécédents doivent compter le plus dans cette élection", dit-il.

Le chef de l'Église catholique nigériane, qui figurait parmi les 21 cardinaux nommés le 29 mai, ajoute : "En résumé, cette élection a montré que les élections ne sont pas des événements sans importance. Leur résultat détermine tellement de choses dans la vie et l'histoire du peuple."

"Le peuple ne peut avoir que du bon lorsque des personnes de caractère sont élues et chargées de leurs affaires, comme l'affirme le Livre du Proverbe (29:2) et comme le reconnaît la Conférence des évêques catholiques du Nigeria (CBCN) dans le communiqué publié à l'issue de sa réunion en février 2023", dit-il en référence au communiqué publié à l'issue de leur Assemblée plénière du 11 au 17 février, au cours de laquelle les dirigeants de l'Église catholique ont également demandé le réexamen du chapitre II de la Constitution du Nigeria de 1999 et l'augmentation immédiate de la circulation des nouveaux billets de Naira.

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Dans son message de carême du 20 février, le cardinal Okpaleke qualifie de "providence divine" le début de la saison du carême et les élections générales, qui ont lieu la même semaine.

L'évêque d'Ekwulobia fait référence au pionnier du Ghana, le Dr Kwame Nkrumah, qui a transformé la déclaration de Jésus en "cherche d'abord le royaume politique et tout le reste te sera donné".

"On peut comprendre que Nkrumah et d'autres nationalistes se battaient pour l'autonomie des peuples colonisés d'Afrique et pensaient que tout ce dont ils avaient besoin était le royaume politique, pour que les Noirs soient en charge de leurs propres affaires", déclare le cardinal nigérian.

Il poursuit : "Mais, après avoir pratiqué l'autonomie pendant plus d'un demi-siècle, il est devenu évident qu'avoir un dirigeant de la même couleur de peau que soi, de la même langue, du même groupe ethnique, etc. ne se traduit pas automatiquement par une bonne gouvernance."

"On a toujours besoin de leaders, et de suiveurs, qui s'engagent pour la droiture et les valeurs représentées par le royaume de Dieu. Ainsi, nous devons rechercher à la fois le royaume de Dieu et le royaume politique", déclare le cardinal Okpaleke.

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Il explique : "Les valeurs du royaume de Dieu nous transforment et nous préparent à faire du royaume politique un royaume dans lequel règneront la justice, la paix et la prospérité."

"Comme l'élection nigériane, la période de carême nous appelle à la décision", dit-il encore, et de poursuivre : "Le mercredi des cendres ne nous invite pas seulement à décider de tirer le meilleur parti de la saison de carême, mais la saison nous met au défi avec les mots de Moïse : "Aujourd'hui, je mets devant toi la vie et la prospérité, la mort et le désastre" (Dt 30, 15) ou avec ceux de Josué : "Aujourd'hui, tu dois décider qui tu veux servir, Yahvé qui t'a sauvé ou d'autres dieux" (Josué 24, 15)."

Il ajoute : "La période du Carême est une invitation pour tous à choisir de servir Dieu qui, en Jésus-Christ, par amour, a souffert, est mort et est ressuscité à la vie, pour nous et pour notre salut, comme nous le récitons dans le Credo."

"Si nous choisissons de faire cela, alors nous devons embrasser une vie d'amour pour tous, d'engagement pour le bien de tous, en particulier les pauvres, les défavorisés, les humbles et les méprisés", dit-il encore.

Le cardinal Okpaleke ajoute : "Si nous décidons de choisir la vie en Dieu, nous sommes appelés à présenter nos cœurs à Dieu dans la prière pour être transformés ; à nous efforcer de nous maîtriser afin de devenir des personnes de caractère qui ne se laissent pas facilement distraire par des désirs égoïstes ; et à investir notre énergie et nos ressources pour rendre la vie meilleure pour tous."

"Cela conduira non seulement à la transformation individuelle mais aussi à la transformation de nos communautés", dit-il, notant que c'est en "recherchant le royaume de Dieu et sa justice que nous devenons le genre de personnes qui peuvent construire un royaume politique de vie, d'amour, de vérité, de justice et de prospérité pour nous."

"Alors que nous sommes marqués par le cendre et qu'il nous est rappelé que nous sommes poussière et que nous retournerons à la poussière, puissions-nous réaliser le grand privilège que Dieu nous a donné de contribuer à façonner l'histoire", déclare le cardinal nigérian.

Le chef de l'Église catholique qui a démissionné en 2018 à la suite d'une opposition soutenue à sa nomination épiscopale pour le diocèse d'Ahiara au Nigeria ajoute : "Alors que nous réclamons et décidons de voter pour la vision, la compétence, le caractère, la crédibilité et les antécédents lors des prochaines élections, soyons également prêts à aspirer et à nous efforcer de devenir des personnes de vision, de caractère, de compétence qui, au fil du temps, auront des antécédents d'engagement pour le bien commun."

"Cette période de carême peut être le point de départ ou un jalon pour nous dynamiser et nous inciter à faire plus d'efforts", déclare le cardinal Okpaleke dans son message de carême du 20 février.

Jude Atemanke

Jude Atemanke est un journaliste camerounais passionné par la communication de l'Église catholique. Il est titulaire d'une licence en journalisme et communication de masse de l'Université de Buea au Cameroun. Actuellement, Jude est journaliste pour ACI Afrique.