Cuba représente un nouvel élan pour les médiations pontificales, comme au Venezuela, à la demande directe des parties concernées, ou encore au Nicaragua, où la ligne diplomatique semble désormais être de rester en retrait. La décision de ne pas nommer un nouveau nonce après l'expulsion soudaine de l'archevêque Waldemar Sommertag de Managua a été prise pour éviter d'avoir à dialoguer avec le gouvernement de Managua pour l'approbation d'un diplomate tout en maintenant une présence dans le pays.
Dans les relations problématiques du Vatican avec la Chine, l'objectif a été de maintenir les lignes de communication ouvertes. Le pape François a souhaité un accord pour la nomination des évêques, qui a été signé en 2018 et renouvelé deux fois pour deux ans. Jusqu'à présent, seuls six évêques ont été nommés après l'accord, alors que Pékin semble vouloir pousser les religions (et pas seulement le catholicisme) de plus en plus vers ce que l'on appelle la "sinisation".
L'objectif est toutefois de parvenir à un accord, même imparfait, afin de disposer d'une base de négociation.
Guerres dans le monde
Le critère du dialogue à tout prix a été à la base des efforts diplomatiques du pape sur la guerre en Ukraine. Le Saint-Siège suit la situation à Kiev depuis les manifestations de Maïdan en 2014. Le pape François a lancé une collection spéciale, le Pape pour l'Ukraine. Dans le même temps, en 2019, il a souhaité une rencontre interdicastérielle au Vatican avec le synode et les évêques de l'Église gréco-catholique ukrainienne.
Cependant, le pape François a voulu garder les canaux ouverts avec Moscou, à tel point que son premier réflexe, lorsque la guerre a éclaté, a été de se rendre personnellement à l'ambassade de la Fédération de Russie pour tenter de parler avec le président Vladimir Poutine.
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Le pape François a souligné à plusieurs reprises que de nombreux territoires sont engagés dans ce qu'il appelle "une guerre mondiale fragmentaire". Sa visite en Irak en 2021, sa mention fréquente du Yémen et de la Syrie, dont le nonce a été nommé cardinal par le pape, sont des exemples de ses efforts dans ces régions troublées.
La diplomatie de la prière
La Syrie est un exemple de la "diplomatie de la prière" du pape François, car c'est en raison de la situation en Syrie que le pape François a proclamé, en septembre 2013, une journée de jeûne et de prière pour la Syrie et le Moyen-Orient. Et une journée de prière pour la paix, proclamée dans les jardins du Vatican en juin 2014, a servi de verrou diplomatique pour créer un point de rencontre. La retraite de prière avec les dirigeants du Soudan Sud en 2019 s'inscrivait dans cette démarche.
Dans la vision du pape François, les religions doivent se rencontrer pour créer le bien commun. Le dialogue interreligieux fait partie de la diplomatie. Le rétablissement des relations avec l'université al-Azhar du Caire, l'un des principaux centres de l'islam sunnite, peut être lu dans cette optique.
Lors de son voyage en Égypte en 2017, le pape a participé à la Conférence internationale pour la paix organisée par cette même institution. Il a réaffirmé qu'il ne pouvait y avoir de violence au nom de Dieu.
Une volonté de dialogue interreligieux a marqué la décision de se rendre aux Émirats arabes unis ainsi que celle de se rendre au Maroc en 2019. À Abou Dhabi, le pape a signé avec le grand imam d'Al Azhar Ahmed al-Tayyib une déclaration sur la fraternité humaine qui a fixé des lignes directrices pour la diplomatie, à tel point que le pape en a remis une copie à tous les chefs d'État qui lui ont rendu visite.
Ces lignes directrices ont été mises en pratique lors du voyage du pape François en Irak, qui a culminé avec la rencontre avec le grand ayatollah al Sistani et avec les autres religions dans la plaine d'Ur (mais sans les représentants juifs, ce qui a peut-être semblé être une prudence diplomatique excessive). Elle s'est également manifestée lors du dernier voyage du pape François dans le Golfe, à Bahreïn, en 2022.
Le thème de la fraternité a ensuite donné lieu à une encyclique, Fratelli Tutti, élaborée pendant la pandémie, qui fait désormais partie des instruments diplomatiques du Saint-Siège et a été présentée le 15 avril 2021 lors d'un événement de haut niveau aux Nations unies.
Le devoir de protection
En résumé, il faut d'abord prouver que l'on est ami pour que la diplomatie soit efficace. C'est la ligne dictée par le cardinal Pietro Parolin en septembre 2014 lorsque, en tant que secrétaire d'État, il a participé à l'Assemblée générale des Nations unies. La clé de ses discours était le "devoir de protection".
Ces dernières années, le Saint-Siège a appliqué ce devoir à la protection de l'environnement (il suffit de penser à l'encyclique Laudato Si et à l'engagement en faveur d'un accord sur le climat), aux minorités persécutées (grâce à l'engagement diplomatique du Saint-Siège, pour la première fois au sein des institutions européennes, on a commencé à parler de la persécution des chrétiens), aux personnes victimes de la traite des êtres humains (peut-être le thème central de l'activité diplomatique du pape François), aux migrants (le pape François a affecté un bureau entier de la Curie romaine, sous sa dépendance directe, à la situation d'urgence des migrants).
Tout l'effort diplomatique du Saint-Siège en 2018 a ensuite été consacré à la question des migrants, en travaillant sur l'accord global sur les migrations discuté à Marrakech les 10 et 11 décembre 2018.
Le réseau diplomatique
Ces dernières années, le réseau diplomatique du Saint-Siège s'est étoffé. Trois nations ont rejoint le réseau diplomatique du Saint-Siège au cours du pontificat de François. En 2016, la Mauritanie a établi des relations diplomatiques complètes. En 2017, le Myanmar a noué des liens avec le Saint-Siège, ouvrant ainsi la voie au prochain voyage du pape dans le pays. Enfin, en février, le Saint-Siège et Oman ont noué des relations diplomatiques.
Le Saint-Siège entretient désormais des relations diplomatiques avec 184 pays dans le monde. Le Viêt Nam, où le Saint-Siège a actuellement un représentant non résident, devrait bientôt s'ajouter à ces nations.
Les prochains défis
En outre, tout au long de son pontificat, le pape François a souvent mis en garde contre la colonisation idéologique et a défendu les cultures indigènes dans divers discours, notamment lors de ses voyages en Amérique latine et de son dernier voyage au Canada.
Et l'on peut d'ores et déjà prévoir que les prochains discours diplomatiques du pape aborderont de nouveaux sujets, comme l'intelligence artificielle, qui est de plus en plus au cœur des activités.