En RDC, l'augmentation de la circulation des armes à feu dans une archidiocèse catholique inquiète l'archevêque

L'archevêque de Kisangani dénonce également l'augmentation des vols dans les magasins, les bureaux et les habitations, les discours de haine xénophobe ou tribale et les assassinats à l'arme blanche ou à l'arme à feu dans la ville.

L'archevêque Utembi note également avec inquiétude la circulation intense de masses d'étrangers qui, selon lui, ne connaissent ni les langues indigènes ni la géographie de Kisangani.

L'Ordinaire du lieu Kisangani, qui est également Président de la Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO), constate également une augmentation curieuse et significative du nombre de motocyclistes.

Ces personnes, dit-il en parlant des motocyclistes, apparaissent "étranges dans leur habillement et leur discours, roulant dans le vide sans connaître la ville".

L'archevêque de Kisangani note également avec inquiétude la multiplication des scènes de vengeance, des règlements de compte et de la justice populaire dans ce qu'il décrit comme une augmentation inquiétante des revendications injustifiées de "terres ancestrales" et des litiges fiscaux, ainsi que le manque prolongé d'électricité ou les coupures intempestives de courant dans plusieurs quartiers de la ville où, selon lui, des groupes incontrôlés de délinquants et de criminels pullulent désormais.

Le plus inquiétant, cependant, est la léthargie de l'État, de la sécurité et d'autres services, une situation qui, selon lui, a commencé à faire naître des soupçons de complicité au sein de la population.

L'archevêque de 64 ans, qui a commencé son ministère épiscopal en janvier 2002 en tant qu'évêque du diocèse de Mahagi-Nioka en RDC, a averti que si rien n'est fait, les étranges événements de Kisangani risquent de plonger la ville dans une crise sécuritaire.

Déjà, la situation du pays est "alarmante et dangereuse", dit-il, et il ajoute : "Si nous ne faisons rien, à tous les niveaux, la situation va se dégrader et devenir ingérable. C'est pourquoi, en tant qu'Eglise, au milieu du village, nous élevons la voix pour dénoncer ces actes et leurs auteurs quels que soient leur statut et leurs origines.

"Nous lançons un cri d'alarme aux autorités provinciales, urbaines, publiques, militaires et policières, ainsi qu'aux hommes et femmes de bonne volonté et à toute la population de la ville de Kisangani, les invitant à dénoncer et à combattre, sans complaisance, ces actes inciviques qui troublent la quiétude légendaire de cette ville", dit Mgr Utembi, avertissant le peuple de Dieu dans le pays "de ne pas plonger dans une complicité coupable".

En outre, il appelle les habitants de Kisangani à signaler toute personne suspecte responsable des crimes commis dans la ville et à collaborer étroitement avec les services de sécurité pour résoudre le problème.

L'archevêque catholique, qui est à la tête de l'archidiocèse de Kisangani depuis janvier 2009, a recommandé à tout le personnel de sécurité du pays de rétablir l'autorité de l'État dans la ville et ses environs, et de contrôler les mouvements migratoires dans la ville.

Il appelle les agences de sécurité de la RDC à travailler à la lutte contre tout discours et tendance xénophobe, tribaliste et régionaliste, en particulier à Kisangani.

L'archevêque catholique recommande que des efforts soient mis en place pour promouvoir le dialogue avec les différents segments de la population, y compris les chefs communautaires, les chefs religieux, les groupes de jeunes et autres, en insistant sur l'importance de vivre ensemble dans la paix.

Le paiement des salaires des fonctionnaires, des militaires et des policiers devrait également être effectué en temps voulu afin d'éviter le harcèlement et les actes de vandalisme qui, selon le chef de l'Église catholique, appauvrissent Kisangani.

Parmi les autres mesures recommandées par le président de la CENCO figurent la sécurisation des personnes et de leurs biens, la lutte contre l'arbitraire dans la gestion des terres et des impôts, ainsi que la création d'emplois pour lutter contre le banditisme.

"Avec l'implication de tous, nous sauverons notre ville de cette menace et nous préserverons la réputation de Kisangani comme ville hospitalière, ville paisible", déclare l'archevêque catholique, qui ajoute : "Ensemble, disons non à la violence, aux tueries, à la xénophobie, à l'insécurité sous toutes ses formes et d'où qu'elle vienne".

"Ensemble, disons oui à la paix, à la cohabitation pacifique, au développement et à l'unité indivisible de notre pays, la République démocratique du Congo.

Mgr Utembi poursuit en souhaitant au peuple de Dieu de sa métropole de joyeuses célébrations pascales : "Je prie pour que le Christ ressuscité, qui a vaincu la mort, nous apporte la paix, la justice, la réconciliation et une victoire totale sur toutes les forces du mal et nous aide à cultiver l'esprit de patriotisme. Que la Vierge Marie, Reine de la Paix, prie pour nous !".