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"Respectez notre neutralité" : Catholic Relief Service après l'assassinat d'employés en Éthiopie

Les responsables du Catholic Relief Services (CRS) ont souligné la nécessité de respecter la neutralité de leurs employés qui, selon eux, font partie des "travailleurs humanitaires de première ligne" en Éthiopie.

Dans une déclaration condamnant "avec la plus grande fermeté" l'assassinat, le dimanche de Pâques 9 avril, de deux employés du CRS dans la Corne de l'Afrique, les responsables de la branche humanitaire de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis (USCCB) affirment que la sécurité de leurs employés est une condition "nécessaire" pour qu'ils puissent continuer à atteindre "des millions de personnes dans le besoin" dans le pays.

Chuol Tongyik, responsable de la sécurité, et Amare Kindeya, chauffeur travaillant pour CRS en Éthiopie, ont été tués par balle lors de manifestations anti-gouvernementales déclenchées par le projet du gouvernement d'intégrer les forces spéciales Amhara dans l'armée fédérale.

Le duo est mort dans un véhicule du CRS dans la ville de Qobo, dans la région d'Amhara, alors qu'il rentrait à Addis-Abeba après une mission.

Dans la dernière déclaration publiée lundi 17 avril, les responsables du CRS déclarent : "Les travailleurs humanitaires doivent pouvoir opérer sans craindre d'être blessés, et il est essentiel que tous les acteurs respectent notre neutralité".

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"CRS opère dans toutes les régions d'Éthiopie où les besoins sont critiques, y compris dans les zones marquées par des conflits et de fortes tensions, et nous comptons sur toutes les parties impliquées pour nous permettre de mener à bien notre travail", ajoutent-ils.

Les responsables de l'organisation catholique soulignent la nécessité de garantir la sécurité de leurs employés en Éthiopie.

"Les travailleurs humanitaires doivent pouvoir opérer sans craindre d'être blessés, et il est essentiel que tous les acteurs respectent notre neutralité", affirment-ils, avant de poursuivre : "Cet espace sûr est nécessaire pour que nous puissions opérer à grande échelle et continuer à fournir une aide vitale essentielle à des millions de personnes dans le besoin."

Les détails de l'assassinat des deux employés de CRS "restent incertains".

"Alors que nous continuons à pleurer la perte de Chuol et d'Amare, nous souhaitons exprimer notre sincère gratitude à toutes les personnes et à tous les groupes qui ont montré aux familles de nos collègues décédés et à nous-mêmes un élan de soutien pendant cette période difficile", affirment les responsables de CRS dans leur dernière déclaration.

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Les messages de soutien et la solidarité dans la prière, disent-ils, "nous ont aidés à surmonter les défis émotionnels et logistiques qui accompagnent une perte aussi dévastatrice".

L'archevêque catholique d'Addis-Abeba, en Éthiopie, fait partie de ceux qui ont écrit des messages de soutien et exprimé leur proximité avec les familles des deux travailleurs de CRS assassinés.

Dans son message de Pâques du dimanche 16 avril, le cardinal Berhaneyesus Demerew Souraphiel a déclaré que l'Église d'Éthiopie était attristée par le meurtre des deux employés de CRS et a exprimé sa sympathie à l'égard de leurs familles.

"Nous sommes particulièrement attristés par le fait que deux membres de l'Église catholique aient été tués dans la région de Qobo. Que Dieu visite leurs familles et leur donne de la force pour ceux qui sont morts", a déclaré l'Ordinaire local de l'archidiocèse d'Addis Abeba, qui est également le Président de la Conférence des évêques catholiques d'Éthiopie (CBCE).

Le membre éthiopien de la Congrégation de la Mission (Vincentiens/CM) a ajouté : "Alors que nous demandons à Dieu de laisser leurs âmes reposer aux côtés d'Abraham, d'Isaac et de Jacob, je vous exhorte à prier pour la paix que Dieu a instaurée lors de sa résurrection. Prions pour notre peuple, en particulier ce vendredi".

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Dans une déclaration du 10 avril, le CRS a exprimé son "choc et sa tristesse" à la suite de l'assassinat des deux employés, notant que les travailleurs tués faisaient partie intégrante des activités humanitaires dans le pays de la Corne de l'Afrique.

Dans un rapport du 11 avril, la directrice de la communication du CRS, Kim Pozniak, a déclaré que le meurtre des deux employés s'est produit dans la ville de Kobo, dans la région Amhara du pays.

Mme Pozniak a expliqué que les habitants de la ville "ont signalé des tirs d'artillerie lourde dimanche, mais n'ont pas précisé si les tirs étaient liés aux manifestations".

Selon le rapport du 11 avril, des milliers de personnes ont manifesté dans la région d'Amhara depuis que le gouvernement éthiopien a annoncé son intention d'intégrer les forces spéciales régionales dans l'armée fédérale, le 6 avril, et des habitants ont signalé des tirs dans au moins deux villes le 9 avril.

Le rapport indique également que des politiciens et des activistes ont condamné le plan du gouvernement "qui exige que les forces spéciales de chacune des 11 régions d'Éthiopie, qui jouissent d'un certain degré d'autonomie, intègrent la police ou l'armée fédérale".

Ces hommes politiques auraient fait valoir que le démantèlement des forces spéciales d'Amhara "rendrait la région vulnérable aux attaques des régions voisines, notamment le Tigré, dont les dirigeants ont conclu une trêve avec le gouvernement éthiopien en novembre pour mettre fin à une guerre de deux ans qui a fait des dizaines de milliers de morts".

De son côté, le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed, aurait affirmé que l'intégration était nécessaire car elle permettrait "d'assurer l'unité nationale dans un pays ayant une longue histoire de conflits interethniques".

Equipe Editoriale ACI Afrique