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Les conditions de travail au Nigeria ont besoin d'une "révision sérieuse et urgente" : Un évêque catholique

À l'occasion de la célébration annuelle de la Journée internationale du travail, commémorée le 1er mai, un évêque catholique du Nigeria a déploré les conditions de travail dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

Dans son message pour la fête du travail 2023, partagé avec ACI Afrique, Mgr Emmanuel Adetoyese Badejo, évêque du diocèse d'Oyo au Nigeria, déclare : "Les conditions de travail dans les secteurs public et privé ont besoin d'une révision sérieuse et urgente. Le Nigeria a, pour ainsi dire, besoin d'une transfusion sanguine morale".

Mgr Badejo souligne les défis auxquels sont confrontés les travailleurs du pays le plus peuplé d'Afrique et affirme que ces problèmes "offensent la loi morale de Dieu".

"L'exploitation d'autrui ou de ses ressources, la baisse des prix des matières premières, les conditions de travail inhospitalières, l'appropriation injuste de biens appartenant à autrui, etc. portent atteinte à la dignité humaine, à la confiance sociale et à la loi morale de Dieu", déclare-t-il dans son message transmis à ACI Afrique le 29 avril.

Le chef de l'Église catholique déclare qu'"au Nigeria, la condition de la plupart des travailleurs reste pathétique", ajoutant que "l'insensibilité du gouvernement à la situation et aux demandes des travailleurs comme les médecins, les infirmières, les enseignants, les journalistes et les agences de sécurité n'est rien moins que cruelle, surtout si on la compare aux rémunérations des politiciens".

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"Malheureusement, cela affecte l'ensemble des masses qui dépendent des services fournis par ces travailleurs", déclare l'ordinaire du diocèse d'Oyo, qui est également président du Comité épiscopal panafricain pour les communications sociales (CEPACS), une entité du Symposium de la Conférence épiscopale d'Afrique et de Madagascar (SCEAM), à propos de l'insensibilité du gouvernement à la situation des travailleurs.

Selon lui, "seule une relation juste, fondée sur le dialogue et la sensibilité, peut garantir une sortie du bourbier de ressentiment et de suspicion qui caractérise actuellement les relations entre employés et employeurs dans le pays".

"Avec la dispensation imminente, les employés et les employeurs doivent adopter un nouveau régime de mérite et reconstruire la forteresse du travail qui s'écroule", déclare l'évêque catholique nigérian qui a été nommé membre du Dicastère du Vatican pour les communications en décembre 2021.

Célébrée chaque année le 1er mai depuis 1890 dans plus de 80 pays, la fête du travail célèbre les "contributions des travailleurs, promeut leurs droits et commémore le mouvement ouvrier".

Réfléchissant à la célébration de cette année, Mgr Badejo déclare : "Le travail est une ressource indispensable par laquelle Dieu a créé l'homme et par laquelle l'homme soutient le monde".

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"On nous dit qu'après tout le travail, Dieu a vu que ce qu'il avait fait était bon. C'est pourquoi nous savons qu'il y a de la dignité dans le travail et que le travail est vraiment l'amour rendu visible. Il convient donc de féliciter les travailleurs en ce jour, de féliciter tous ceux qui fournissent du travail et de faire de même avec tous ceux qui créent un environnement propice au travail", ajoute-t-il.

Bien que le travail soit important et fondamental, l'évêque catholique nigérian trouve regrettable que "trop de facteurs privent des millions de travailleurs de la joie et de l'épanouissement qu'ils devraient tirer de leur travail".

"Malheureusement, aujourd'hui, les conflits, la discrimination, les structures injustes, la pénurie d'emplois, la mauvaise gestion et la cupidité entravent le développement humain intégral que le travail devrait apporter aux individus, à la famille et à la société. Le moins que l'on puisse dire, c'est que cette situation est regrettable et qu'elle mérite une attention urgente", déclare-t-il.

L'évêque nigérian de 61 ans, qui a commencé son ministère épiscopal en octobre 2007 en tant qu'évêque coadjuteur du diocèse d'Oyo, ajoute : "Le développement humain intégral, l'idéal de toute l'humanité, restera un mirage si les questions litigieuses concernant le travail ne sont pas résolues".

"L'Église catholique enseigne qu'un salaire juste est un fruit légitime du travail. Le retenir ou le refuser peut constituer une grave injustice", déclare Mgr Badejo, avant de poursuivre : "La rémunération du travail doit garantir à l'homme la possibilité d'assurer dignement sa subsistance et celle de sa famille sur les plans matériel, social et culturel."

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Il plaide en faveur de la justice dans la rémunération : "Les gouvernements et les peuples ne peuvent honnêtement aspirer à la paix ou à un développement authentique s'ils ne garantissent pas un salaire juste pour le travail accompli."

Mgr Badejo invite les employés à faire preuve d'honnêteté sur leur lieu de travail. Il déclare : "Les travailleurs aussi doivent faire un travail juste pour le salaire qu'ils reçoivent afin de remplir le contrat social et de ne pas être coupables de malhonnêteté et de vol".

"L'Église catholique a toujours enseigné qu'il y a de la dignité dans le travail et que le travail est une vocation avec une dimension spirituelle. Chaque travailleur participe d'une certaine manière au projet divin de faire avancer l'œuvre de la création", dit-il dans son message de la fête du travail 2023 partagé avec l'ACI Afrique.

Faisant référence au pape François, Mgr Badejo déclare : "Le 1er mai de chaque année, la fête de saint Joseph le travailleur, est le jour où l'Église se souvient du monde du travail."

Il ajoute : "L'Église demande que le travail soit digne partout et pour tous" et que le travail des hommes et des femmes partout dans le monde "inspire la volonté de développer une économie de paix dans le monde entier".

"L'Église prie également pour tous ceux qui, au cours de leur travail, ont perdu la vie, des membres et des biens, en particulier les victimes de systèmes corrompus et injustes, afin que leur sacrifice ne soit pas vain", ajoute l'évêque catholique nigérian.

Jude Atemanke et Patrick Juma Wani