La direction de la prison authentifie les lettres, qui sont ensuite remises aux familles des survivants par des prêtres ou des bénévoles de la commission Justice et Paix.
Le processus encourage une rencontre en prison entre les familles des victimes et l'agresseur désormais repenti, explique le père Ngoboka, qui précise : "Une fois par mois, nous organisons ces visites avec les services sociaux de la prison. Nous continuons à être des médiateurs et nous sommes présents à ces réunions. Nous aidons au dialogue. Les émotions sont fortes.
"Si le pardon est accordé et accepté, nous devons le transmettre aux membres de la famille. Le pardon doit concerner la famille, celle du survivant comme celle du prisonnier", explique Ngoboka à l'AED, et ajoute : "La foi joue un rôle fondamental dans le processus de pardon."
Il note que la sortie de prison ne met pas fin au processus de réconciliation. La sortie n'est qu'une étape, affirme le prêtre catholique.
Il explique : "C'est pourquoi nous avons commencé trois ans avant la libération. Et après leur libération, ce n'est pas la fin. Nous nous engageons à les accompagner pendant au moins six mois, pour permettre aux prisonniers et aux victimes de surmonter leurs peurs. Nous organisons des rencontres autour de la Parole de Dieu, des projets communautaires qui leur permettent de travailler ensemble dans un champ ou sur un chantier".
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Les anciens détenus sont également encouragés à se rendre visite, et ils cheminent ensemble dans le processus de réconciliation.
"La réconciliation n'est pas automatique. La confiance doit être gagnée. C'est un long chemin", explique le père Ngoboka, qui ajoute que si tout se passe bien, l'Église organise un moment d'unité et de réconciliation.
"Les prisonniers sont accueillis dans l'église et demandent officiellement pardon. Ils confessent publiquement ce qu'ils ont fait et demandent le pardon".
Parfois, le processus est émaillé d'échecs lorsque les victimes rejettent la demande de pardon des agresseurs repentis, note le prêtre catholique, qui ajoute : "Il faut respecter le rythme de chacun et l'accompagner sur ce chemin."
"Pour que cette réconciliation ait une chance d'aboutir, la victime doit être convaincue de la sincérité de la demande de pardon et que tous les actes commis ont été révélés. Certaines victimes ne peuvent toujours pas faire le deuil de leurs proches car elles ne savent pas où sont les corps. Elles attendent que le bourreau révèle la scène de leurs crimes", explique le père Ngoboka.
Il poursuit : "Que ce soit plus difficile ou plus facile, rien de tout cela ne serait possible sans l'aide de Dieu. Le pardon est un miracle, un don de Dieu... quand on entend parler de toutes les atrocités commises... le pardon est un pouvoir donné par Dieu".
L'AED a donné à 120 prêtres, femmes et hommes Religieux au Rwanda des compétences pour les aider à comprendre les traumatismes lorsqu'ils cheminent avec les prisonniers et les victimes du génocide rwandais.
Les agents pastoraux ont également été équipés de techniques d'écoute active et de soutien psycho-spirituel pour la résilience de la communauté.