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Le Vatican publie une réflexion pastorale sur l'engagement chrétien dans les réseaux sociaux

Le pape François lors de l'audience générale dans la salle Paul VI, le 26 janvier 2022. | Daniel Ibanez/CNA Le pape François lors de l'audience générale dans la salle Paul VI, le 26 janvier 2022. | Daniel Ibanez/CNA

Attention à #CatholicTwitter et aux guerriers du clavier : Le Vatican a publié des recommandations pour mieux "aimer son prochain" sur les médias sociaux.

Le texte de 20 pages, intitulé "Vers la pleine présence : Une réflexion pastorale sur l'engagement dans les médias sociaux", publié le 29 mai, aborde les défis auxquels les chrétiens sont confrontés dans l'utilisation des médias sociaux.

Les sujets abordés dans la réflexion pastorale comprennent la surcharge d'informations, le défilement constant, le fait de ne pas accorder toute son attention aux autres, le fait d'être un "influenceur", le témoignage du Christ, la "désintoxication numérique", le besoin de silence, l'écoute intentionnelle et la construction d'une communauté dans un monde fragmenté.

"L'un des défis cognitifs majeurs de la culture numérique est la perte de notre capacité à penser en profondeur et de manière ciblée", prévient le rapport. "Nous balayons la surface et restons dans les bas-fonds, au lieu de réfléchir profondément aux réalités".

Le dicastère du Vatican pour la communication a publié le document, qui a été signé par son préfet laïc Paolo Ruffini et son secrétaire argentin Monseigneur Lucio A. Ruiz, qui citent de nombreux discours du pape François lors des précédentes Journées mondiales de la communication.

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Le texte "ne se veut pas un guide précis pour la pastorale", précise le dicastère, mais cherche à promouvoir une réflexion commune sur la manière de favoriser des relations significatives et bienveillantes sur les médias sociaux.

Voler notre attention
La réflexion pastorale du Vatican postule que la demande constante d'attention de la part des médias sociaux "est similaire au processus par lequel toute tentation pénètre dans le cœur humain et détourne notre attention de la seule parole qui soit vraiment significative et qui donne la vie, la Parole de Dieu".

"Différents sites web, applications et plateformes sont programmés pour exploiter notre désir humain de reconnaissance, et ils se battent constamment pour attirer l'attention des gens. L'attention elle-même est devenue le bien et la marchandise les plus précieux", peut-on lire.

"Au lieu de se concentrer sur une seule question à la fois, notre attention partielle et continue passe rapidement d'un sujet à l'autre. Nous sommes physiologiquement accros à la stimulation numérique, nous voulons toujours plus de contenu en défilant sans fin et nous sommes frustrés par l'absence de mises à jour".

Le texte souligne le besoin de silence et la nécessité pour les écoles, les familles et les communautés de ménager des moments où les gens peuvent se détacher des appareils numériques.

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Il prévient que l'espace pour "l'écoute délibérée, l'attention et le discernement de la vérité devient rare".

"Sans le silence et l'espace nécessaire pour réfléchir lentement, profondément et avec détermination, nous risquons de perdre non seulement nos capacités cognitives, mais aussi la profondeur de nos interactions, tant humaines que divines."

Les pièges des médias sociaux
Le document met en garde contre les "pièges à éviter" avec les médias sociaux, tels que les discours agressifs et négatifs partagés sous le "voile du pseudonyme".

Le long des "autoroutes numériques", de nombreuses personnes sont blessées par la division et la haine. Nous ne pouvons pas l'ignorer. Nous ne pouvons pas nous contenter d'être des passants silencieux. Pour humaniser les environnements numériques, nous ne devons pas oublier ceux qui sont 'laissés pour compte'. Nous ne pouvons voir ce qui se passe que si nous nous plaçons du point de vue de l'homme blessé dans la parabole du bon samaritain", peut-on lire dans le texte.

Le texte souligne que la personnalisation du contenu par les algorithmes peut renforcer les opinions des gens sans les exposer à d'autres idées, ce qui peut parfois conduire à "encourager des comportements extrêmes".

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Il s'inquiète également de la façon dont les entreprises de médias sociaux traitent les personnes comme des marchandises dont "les profils et les données sont vendus". Le texte souligne que les médias sociaux "ne sont pas gratuits : Nous payons en minutes d'attention et en octets de données".

Le texte ajoute : "L'importance croissante accordée à la distribution et au commerce des connaissances, des données et des informations a généré un paradoxe : dans une société où l'information joue un rôle essentiel, il est de plus en plus difficile de vérifier les sources et l'exactitude des informations qui circulent numériquement."

D'un "influenceur" à un témoin
Le texte souligne comment "chaque chrétien doit être conscient de son influence potentielle, quel que soit le nombre de followers qu'il a."

"Notre présence sur les médias sociaux se concentre généralement sur la diffusion d'informations. Dans cette optique, la présentation d'idées, d'enseignements, de pensées, de réflexions spirituelles et autres sur les médias sociaux doit être fidèle à la tradition chrétienne", précise le texte.

Il recommande aux chrétiens de veiller à être "réfléchis et non réactifs sur les médias sociaux" afin de s'assurer que la façon dont ils traitent les autres en ligne est en soi un témoignage.

"Nous devons tous veiller à ne pas tomber dans les pièges numériques cachés dans les contenus qui sont intentionnellement conçus pour semer le conflit entre les utilisateurs en provoquant des réactions d'indignation ou émotionnelles", indique le document. "Nous devons être attentifs à la publication et au partage de contenus susceptibles de provoquer des malentendus, d'exacerber les divisions, d'inciter au conflit et d'approfondir les préjugés".

Le texte encourage les chrétiens à réfléchir à la question de savoir si les messages qu'ils publient sur les médias sociaux visent à faire des "adeptes" pour eux-mêmes ou pour le Christ.

"Que signifie être un témoin ? Le mot grec pour témoin est 'martyr', et on peut dire que certains des 'influenceurs chrétiens' les plus puissants ont été des martyrs", peut-on lire dans le texte.

Il invite les gens à se rappeler qu'"il n'y a pas eu le moindre 'like' et presque aucun 'follower' au moment de la plus grande manifestation de la gloire de Dieu ! Toute mesure humaine du 'succès' est relativisée par la logique de l'Évangile".

"Si le martyre est le signe ultime du témoignage chrétien, chaque chrétien est appelé à se sacrifier : La vie chrétienne est une vocation qui consume notre existence même en nous offrant, âme et corps, pour devenir un espace de communication de l'amour de Dieu, un signe qui pointe vers le Fils de Dieu."

"C'est dans ce sens que nous comprenons mieux les paroles du grand Jean-Baptiste, premier témoin du Christ : 'Il faut que lui croisse, il faut que moi je diminue' (Jn 3,30). Comme le Précurseur, qui exhortait ses disciples à suivre le Christ, nous ne cherchons pas à être des "disciples" pour nous-mêmes, mais pour le Christ. Nous ne pouvons répandre l'Évangile qu'en forgeant une communion qui nous unit dans le Christ. Nous y parvenons en suivant l'exemple de Jésus et en interagissant avec les autres".

Courtney Mares