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Les chefs religieux du Kenya appellent à un dialogue fondé sur un "cadre clairement défini" pour mettre fin à la crise

Religious leaders under the aegis of the Forum for National Dialogue address journalists on Friday July 21 on the state of the nation. Credit: CJPC Religious leaders under the aegis of the Forum for National Dialogue address journalists on Friday July 21 on the state of the nation. Credit: CJPC

Les chefs religieux du Kenya, regroupés au sein du National Dialogue Forum (NDF), prônent le dialogue entre les dirigeants politiques du pays d'Afrique de l'Est pour mettre fin à la crise qui sévit dans le pays.

Dans leur déclaration collective du vendredi 21 juillet, les membres du NDF, qui établissent un lien entre le conflit actuel entre le gouvernement du président William Samoei Ruto et la coalition Azimio One Kenya, qui s'est manifestée lors de la dernière série de manifestations organisées par l'opposition, et les élections générales d'août 2022, affirment que le dialogue doit être structuré autour d'un "cadre" spécifique.

"Le cycle de crises pré- et post-électorales auquel nous assistons depuis des décennies est le reflet de l'incapacité des dirigeants politiques à choisir le dialogue pour régler leurs différends et leurs accords", affirment les chefs religieux, parmi lesquels figurent des représentants de la Conférence des évêques catholiques du Kenya (KCCB).

Ils précisent que "le dialogue que nous recommandons devrait être basé sur un cadre clairement défini qui créera une plateforme permettant aux Kenyans de discuter des défis auxquels ils sont confrontés et de trouver des solutions à l'amiable".

Ce cadre, ajoutent les membres du NDF, "devrait prévoir l'engagement de toutes les parties prenantes, et devrait être soutenu par les institutions religieuses pour assurer la durabilité".

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"Il doit y avoir un engagement ferme que les résultats du processus seront mis en œuvre afin d'éviter une répétition de ce qui s'est passé dans le passé", déclarent les chefs religieux qui comprennent également des représentants du Conseil national des églises du Kenya (NCCK) et du Conseil suprême des musulmans du Kenya (SUPKEM).

Les dirigeants de la coalition Azimio One Kenya et le gouvernement dirigé par le président Ruto se sont lancés dans une surenchère politique, avec des accusations et des contre-accusations.

Le président Ruto a accusé le chef de l'opposition, Raila Amolo Odinga, de mener le pays vers l'anarchie. D'autre part, les dirigeants de l'opposition ont accusé le gouvernement de ne pas avoir réussi à réduire le coût de la vie.

M. Odinga a annoncé des manifestations anti-gouvernementales de trois jours, qui ont débuté le 19 juillet, afin de pousser le gouvernement à réduire le coût de la vie en abrogeant la loi de finances 2023, entre autres exigences.

Dans leur déclaration du 21 juillet, les membres du NDF demandent au président Ruto et à M. Odinga d'entamer un dialogue sur la base de leur recommandation et de "mettre un terme aux grandes manœuvres qui enfoncent le pays dans la crise".

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"En tant que principaux dirigeants politiques du pays, vous avez pour mandat d'ancrer une culture de dialogue et de consultations inclusives et multipartites afin de traiter les problèmes plutôt que les confrontations", déclarent les dirigeants religieux du Kenya.

Ils préconisent de "permettre aux commissions constitutionnelles et aux agences indépendantes de remplir leur mandat, d'aborder la question de la transparence, de la responsabilité et de la lutte contre l'impunité, ainsi que le chômage, en particulier chez les jeunes, comme autant de points à l'ordre du jour pour guider le dialogue".

Faisant référence aux pourparlers bipartites entre l'opposition et le gouvernement qui ont été interrompus depuis lors, les chefs religieux appellent à leur reprise "avec un ordre du jour unique visant à faciliter la reconstitution de la Commission électorale indépendante et des frontières (IEBC)".

"Nous estimons que le pays se trouve actuellement dans une situation très précaire qui peut conduire à une crise existentielle si des élections sont nécessaires sans qu'une commission correctement constituée soit en place", déclarent les chefs religieux.

Ils ajoutent : "La mise en place d'un processus de recrutement des commissaires à l'amiable rétablira la stabilité politique et permettra à la nation de mener à bien les élections générales de 2022."

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Pour plus de clarté, les chefs religieux poursuivent : "Nous ne faisons pas pression pour un partage du pouvoir entre le gouvernement et l'opposition, car ces deux structures politiques ont des rôles distincts et cardinaux décrits dans la Constitution."

"Nous rappelons à tous les Kenyans que nous nous trouvons dans une situation délicate qui exige une réflexion approfondie sur les actions de chacun d'entre nous. Faisons preuve de retenue dans toutes les situations afin de sauver notre nation du précipice", affirment les membres du NDF dans la déclaration du 21 juillet.

Les évêques catholiques du Kenya ont également appelé à la reprise des pourparlers bipartites, qui, selon eux, devraient se dérouler dans un contexte élargi, avec la participation de chefs religieux et de "personnes et organismes éminents".

Dans leur déclaration collective du 19 juillet, dans laquelle ils condamnent les brutalités policières contre des "Kényans innocents" lors des dernières manifestations organisées par l'opposition, les membres du KCCB ont déclaré : "Nous lançons maintenant un appel passionné au président William Ruto et au très honorable Raila Odinga pour qu'ils donnent une chance au dialogue. Nous demandons que les pourparlers bipartisans qui ont échoué soient repris dans un contexte différent, en associant les chefs religieux et d'autres personnes et organismes éminents."

Silas Isenjia