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"Nous devons nous retrouver et travailler ensemble" dans la lutte contre COVID-19: un évêque sud-africain.

Mgr Sithembele Sipuka, évêque du diocèse catholique d'Umtata en Afrique du Sud Domaine public Mgr Sithembele Sipuka, évêque du diocèse catholique d'Umtata en Afrique du Sud
Domaine public

Un évêque d'Afrique du Sud appelle le peuple de Dieu à s'unir dans la lutte contre COVID-19 dans son pays où au moins 3 465 cas ont été confirmés, le nombre le plus élevé en Afrique.

"L'heure est à la solidarité et la situation va rester au-delà de la fermeture et nous devons nous retrouver et travailler ensemble", a déclaré Mgr Sithembele Sipuka du diocèse d'Umtata en Afrique du Sud lors d'une interview à l'ACI Afrique. 

"Nous encourageons les gens à prier chez eux, non seulement pour remplir l'obligation de prier, mais aussi pour rencontrer le Christ ressuscité qui peut marcher avec eux sur cette route d'Emmaüs, et pour rester forts dans leur voyage vers la Galilée au bout de cette obscurité", dit l'évêque sud-africain.

Au cours de l'interview, l'évêque a également parlé du défi que représente le verrouillage du pays à l'échelle nationale.

"Il a un effet misérable sur les Sud-Africains ordinaires", dit-il en référence au verrouillage qui a été appliqué à partir du 26 mars, quelque 21 jours après que le pays ait signalé le premier cas de COVID-19.

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"La plus évidente est la faim de nourriture. Il est maintenant évident que de nombreuses personnes sont à court de nourriture. Les gens commencent à se bousculer pour trouver des colis alimentaires et quelques-uns parcourent les rues en fouillant dans les poubelles et les tas d'ordures", explique Mgr Sipuka à propos des effets de la fermeture de 21 jours qui a été prolongée de deux semaines après son expiration le 16 avril à minuit. 

Outre la faim, le prélat de 61 ans a fait remarquer que "la plupart des gens ne sont pas en mesure de respecter les règles du confinement étant donné qu'ils vivent dans de petits espaces avec beaucoup de monde et qu'ils n'ont pas d'eau".

"Ceux qui ont encore quelque chose à manger ne sont pas non plus à l'abri des soucis. Ils souffrent de la torture mentale que représente l'incertitude de ce qui sera. Ils ne savent pas si, à la fin du confinement, ils pourront encore garder leur emploi", déclare Mgr Sipuka, qui est également président de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC).

Certaines des interventions ont consisté à demander aux "prêtres de paroisse de faire de leur mieux pour aider ceux qui n'ont pas de nourriture en encourageant les paroissiens à donner de l'argent et de la nourriture et à identifier ceux qui en ont désespérément besoin", explique l'évêque.

Il ajoute : "Nous nous joignons également à d'autres églises pour discuter de la meilleure façon possible de distribuer efficacement l'aide provenant du fonds de solidarité mis en place par le président et du département du développement social".

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L'évêque souligne également la difficulté d'acheminer l'aide aux bénéficiaires réels en raison des cartels.

"L'aide est là, mais nous nous inquiétons de la meilleure façon de la fournir pour qu'elle parvienne réellement à ceux qui en ont besoin et ne finisse pas entre des mains corrompues", dit-il et ajoute : "Nous en discutons avec le gouvernement et cela prend du temps, mais les gens ont faim maintenant. D'un autre côté, il ne faut pas se précipiter car cela pourrait ne pas être efficace. Ce sont les frustrations de la bureaucratie". 

Des rapports indiquent que des denrées alimentaires destinées à aider les nécessiteux ont été thésaurisées ou revendues par des individus, dont certains seraient des fonctionnaires du gouvernement, a déclaré le président Cyril Ramaphosa dans sa lettre à la nation du lundi 20 avril, promettant de "traiter durement les individus concernés" s'ils sont reconnus coupables.

Le verrouillage national a également entraîné une augmentation des cas de violence domestique dans son pays, a déclaré Mgr Sipuka, qui est également le premier vice-président du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM).

"Il semble que certains ne soient pas en mesure de faire face au stress émotionnel lié au fait d'être confinés dans leur famille pendant si longtemps et qu'ils commencent à agir violemment. Les cas de violence familiale sont donc en augmentation", déclare Mgr Sipuka, une préoccupation qui a été exprimée non seulement par le président sud-africain Ramaphosa mais aussi par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres.

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En attendant, Mgr Sipuka déclare que le peuple de Dieu continuera à prier depuis ses maisons respectives car "nous ne voulons pas que l'église soit un facteur contribuant à l'infection et donc à la mort des gens".

"Pour commencer, nous n'avons pas assez de matériel de prévention et ensuite, l'éducation sur le danger de cette maladie et la vitesse à laquelle elle se propage n'a pas été mise en place ; il vaut donc mieux que les gens évitent de se rassembler", expliquent les évêques sud-africains.

Sur les 3 465 cas confirmés de COVID-19 en Afrique du Sud, 58 sont morts et 1 055 personnes se sont remises de la maladie.