"La plus évidente est la faim de nourriture. Il est maintenant évident que de nombreuses personnes sont à court de nourriture. Les gens commencent à se bousculer pour trouver des colis alimentaires et quelques-uns parcourent les rues en fouillant dans les poubelles et les tas d'ordures", explique Mgr Sipuka à propos des effets de la fermeture de 21 jours qui a été prolongée de deux semaines après son expiration le 16 avril à minuit.
Outre la faim, le prélat de 61 ans a fait remarquer que "la plupart des gens ne sont pas en mesure de respecter les règles du confinement étant donné qu'ils vivent dans de petits espaces avec beaucoup de monde et qu'ils n'ont pas d'eau".
"Ceux qui ont encore quelque chose à manger ne sont pas non plus à l'abri des soucis. Ils souffrent de la torture mentale que représente l'incertitude de ce qui sera. Ils ne savent pas si, à la fin du confinement, ils pourront encore garder leur emploi", déclare Mgr Sipuka, qui est également président de la Conférence des évêques catholiques d'Afrique australe (SACBC).
Certaines des interventions ont consisté à demander aux "prêtres de paroisse de faire de leur mieux pour aider ceux qui n'ont pas de nourriture en encourageant les paroissiens à donner de l'argent et de la nourriture et à identifier ceux qui en ont désespérément besoin", explique l'évêque.
Il ajoute : "Nous nous joignons également à d'autres églises pour discuter de la meilleure façon possible de distribuer efficacement l'aide provenant du fonds de solidarité mis en place par le président et du département du développement social".
L'évêque souligne également la difficulté d'acheminer l'aide aux bénéficiaires réels en raison des cartels.
"L'aide est là, mais nous nous inquiétons de la meilleure façon de la fournir pour qu'elle parvienne réellement à ceux qui en ont besoin et ne finisse pas entre des mains corrompues", dit-il et ajoute : "Nous en discutons avec le gouvernement et cela prend du temps, mais les gens ont faim maintenant. D'un autre côté, il ne faut pas se précipiter car cela pourrait ne pas être efficace. Ce sont les frustrations de la bureaucratie".
Des rapports indiquent que des denrées alimentaires destinées à aider les nécessiteux ont été thésaurisées ou revendues par des individus, dont certains seraient des fonctionnaires du gouvernement, a déclaré le président Cyril Ramaphosa dans sa lettre à la nation du lundi 20 avril, promettant de "traiter durement les individus concernés" s'ils sont reconnus coupables.
Le verrouillage national a également entraîné une augmentation des cas de violence domestique dans son pays, a déclaré Mgr Sipuka, qui est également le premier vice-président du Symposium des conférences épiscopales d'Afrique et de Madagascar (SCEAM).
"Il semble que certains ne soient pas en mesure de faire face au stress émotionnel lié au fait d'être confinés dans leur famille pendant si longtemps et qu'ils commencent à agir violemment. Les cas de violence familiale sont donc en augmentation", déclare Mgr Sipuka, une préoccupation qui a été exprimée non seulement par le président sud-africain Ramaphosa mais aussi par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres.