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Le Vatican déclare que les prêtres peuvent bénir les couples de même sexe sans approuver leur mode de vie

La basilique Saint-Pierre. | Crédit : vvo/Shutterstock La basilique Saint-Pierre. | Crédit : vvo/Shutterstock

Le Vatican a publié de nouvelles orientations sur la question de la bénédiction des personnes attirées par le même sexe, déclarant que les prêtres catholiques peuvent bénir les couples de même sexe en tant qu'expression de proximité pastorale, sans pour autant approuver leurs relations sexuelles.

La décision, qui s'applique également aux catholiques remariés civilement sans avoir bénéficié d'une annulation, ainsi qu'aux couples se trouvant dans d'autres "situations irrégulières", souligne que de telles bénédictions ne peuvent être offertes d'une manière qui entraînerait une confusion sur la nature du mariage, dont le document affirme qu'il est le seul "contexte dans lequel les relations sexuelles trouvent leur sens naturel, propre et pleinement humain".

"La doctrine de l'Église sur ce point reste ferme", a déclaré le Dicastère pour la doctrine de la foi (DDF) dans sa déclaration du 18 décembre.

La déclaration souligne que les bénédictions ne peuvent être données que "spontanément" et non dans le cadre d'un rite liturgique formel.

Il s'agit de la dernière intervention en date du Vatican - et de celle qui fait le plus autorité - sur une question qui a embrouillé l'Église universelle au cours des dernières années.

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En septembre 2022, les évêques de la partie flamande de la Belgique ont publié une cérémonie de bénédiction des couples de même sexe dans leur diocèse. Cette initiative semblait en contradiction flagrante avec l'affirmation du DDF de février 2021 selon laquelle l'Église n'avait pas le pouvoir de bénir les unions de personnes du même sexe.

En mars dernier, la controversée Voie synodale allemande a approuvé une résolution visant à établir une bénédiction liturgique formelle des unions homosexuelles ainsi que des catholiques divorcés et remariés. En août, l'archevêque de Berlin a déclaré qu'il ne prendrait pas de mesures disciplinaires à l'encontre des prêtres qui offriraient de telles bénédictions et a publié une liste de membres du clergé disposés à les offrir.

En juillet, un groupe de cardinaux a écrit au pape pour lui demander de clarifier la position de l'Église sur les bénédictions homosexuelles, entre autres questions. Les orientations données aujourd'hui par la DDF s'appuient sur de nombreux thèmes exposés par le pape François dans sa réponse aux cardinaux, qui a été publiée par le Vatican en octobre.

Dans sa nouvelle déclaration, la DDF affirme que ses orientations empêcheront toute tentative ultérieure d'officialiser de telles bénédictions.

"Ce qui a été dit dans cette déclaration concernant la bénédiction des couples de même sexe est suffisant pour guider le discernement prudent et paternel des ministres ordonnés à cet égard", a déclaré la DDF. "Ainsi, au-delà des conseils fournis ci-dessus, aucune autre réponse ne devrait être attendue sur les moyens possibles de réglementer les détails ou les aspects pratiques concernant les bénédictions de ce type.

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Mais cette décision - la dernière d'une série de documents publiés par le DDF depuis que le cardinal Victor Manuel Fernández, conseiller théologique de longue date du pape François, a pris ses fonctions de préfet en septembre - est susceptible de susciter de nouvelles controverses sur la question, ses partisans comme ses détracteurs y voyant une ouverture possible à d'autres changements à l'avenir.

Une "véritable évolution
Intitulé "Supplicier la confiance", le document de 5 000 mots du DDF est classé comme une "déclaration" car, comme l'indique le texte, il "implique un réel développement par rapport à ce qui a été dit sur les bénédictions dans le magistère et les textes officiels de l'Église".

La base de l'orientation de la DDF sur la bénédiction des couples de même sexe repose sur une distinction apparemment nouvelle entre la compréhension liturgique et la compréhension "pastorale-théologique" des bénédictions.

La DDF a déclaré que les bénédictions pastorales, par opposition à celles qui se déroulent selon des rites liturgiques formalisés, peuvent être plus "spontanées" et moins liées à des "prérequis moraux".

"C'est précisément dans ce contexte que l'on peut comprendre la possibilité de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe sans valider officiellement leur statut ni modifier en quoi que ce soit l'enseignement pérenne de l'Église sur le mariage", a écrit M. Fernández dans la note introductive du texte.

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La déclaration, qui a été examinée et signée par le pape François, offre de "nouvelles clarifications" sur les orientations de 2021 de la DDF sur le sujet.

La DDF a déclaré que ses nouvelles orientations s'inscrivent dans la continuité du texte de 2021, car les orientations précédentes ne s'appliquaient qu'aux "bénédictions liturgiques", qui exigent que "ce qui est béni soit conforme à la volonté de Dieu, telle qu'elle est exprimée dans les enseignements de l'Église".

En raison de l'enseignement clair de l'Église selon lequel les relations sexuelles "ne trouvent leur sens naturel, propre et pleinement humain" que dans "l'union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme", le DDF souligne que "lorsqu'il s'agit de bénédictions, l'Église a le droit et le devoir d'éviter tout rite qui pourrait contredire cette conviction ou prêter à confusion".

Liturgique ou pastoral ?
Mais le DDF précise que les bénédictions ne doivent pas être réduites au seul "point de vue liturgique".

"En effet, le danger existe qu'un geste pastoral aussi aimé et répandu soit soumis à trop de conditions morales préalables qui, sous prétexte de contrôle, pourraient éclipser la force inconditionnelle de l'amour de Dieu qui est à la base du geste de bénédiction."

En ce qui concerne ces bénédictions moins formalisées, l'Église "doit éviter de faire reposer sa praxis pastorale sur la nature figée de certains schémas doctrinaux et disciplinaires", indique le DDF.

"Ainsi, lorsque des personnes demandent une bénédiction, une analyse morale exhaustive ne devrait pas être posée comme condition préalable à l'octroi de la bénédiction. En effet, on ne devrait pas exiger de ceux qui demandent une bénédiction une perfection morale préalable".

Le DDF décrit également les bénédictions "en dehors d'un cadre liturgique" comme faisant partie d'un "domaine de plus grande spontanéité et de liberté" qui, bien qu'optionnelles, constituent une "ressource pastorale" précieuse.

Dans un passage qui réfléchit à l'utilisation des bénédictions dans l'Ecriture, le DDF déclare que cette pratique est "un message positif de réconfort, d'attention et d'encouragement". La bénédiction exprime l'étreinte miséricordieuse de Dieu et la maternité de l'Église, qui invite les fidèles à avoir les mêmes sentiments que Dieu à l'égard de leurs frères et sœurs".

Une personne qui demande une bénédiction, dit la DDF, indique qu'elle a "besoin de la présence salvatrice de Dieu dans sa vie, et celle qui demande une bénédiction à l'Église reconnaît cette dernière comme un sacrement du salut que Dieu offre".

"De telles bénédictions sont destinées à tout le monde", affirme le DDF. "Personne ne doit en être exclu.

Bénédictions pastorales des couples de même sexe
"Dans le cadre de la compréhension pastorale des bénédictions, la DDF déclare qu'il existe "la possibilité de bénédictions pour les couples en situation irrégulière et pour les couples de même sexe".

Cette conception de la bénédiction "peut suggérer que le ministre ordonné s'associe à la prière des personnes qui, bien que vivant une union qui n'est en rien comparable au mariage, désirent se confier au Seigneur et à sa miséricorde, invoquer son aide et se laisser guider vers une plus grande compréhension de son dessein d'amour et de vérité".

La DDF précise que les couples qui demandent une bénédiction de Dieu dans ce contexte "ne revendiquent pas une légitimation de leur propre statut" mais demandent au contraire que "tout ce qui est vrai, bon et humainement valable dans leur vie et leurs relations soit enrichi, guéri et élevé par la présence de l'Esprit Saint".

Conseils pour les bénédictions
La déclaration propose plusieurs conditions pour la bénédiction des couples de même sexe et des personnes en "situation irrégulière" afin "d'éviter toute confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage".

Tout d'abord, ces bénédictions doivent être "non ritualisées" et ne doivent pas être exprimées dans un rite formel par les autorités ecclésiales.

"En effet, une telle ritualisation constituerait un grave appauvrissement car elle soumettrait un geste de grande valeur pour la piété à un contrôle excessif, privant les ministres de liberté et de spontanéité dans leur accompagnement pastoral de la vie des gens", affirme le DDF, qui précise explicitement que personne ne doit "fournir ou promouvoir un rituel" pour ces bénédictions.

En outre, pour "éviter toute forme de confusion ou de scandale", ces bénédictions "ne doivent jamais être données en même temps que les cérémonies d'une union civile, ni même en relation avec elles", ni avec des "vêtements, des gestes ou des paroles propres à un mariage".

Le DDF envisage plutôt que les bénédictions des couples de même sexe et des personnes en situation irrégulière se fassent "spontanément", suggérant qu'elles pourraient avoir lieu dans le contexte "d'une visite à un sanctuaire, d'une rencontre avec un prêtre, d'une prière récitée en groupe ou au cours d'un pèlerinage".

Le DDF précise qu'avec de telles bénédictions, "il n'y a pas d'intention de légitimer quoi que ce soit, mais plutôt d'ouvrir sa vie à Dieu, de lui demander son aide pour mieux vivre, et aussi d'invoquer l'Esprit Saint pour que les valeurs de l'Évangile soient vécues avec une plus grande fidélité".

La "sensibilité pastorale" des ministres ordonnés devrait être formée pour offrir ce type de bénédictions spontanées, a déclaré le DDF.

Jonathan Liedl