Il s'est exprimé mardi matin lors d'un petit-déjeuner organisé dans le Rayburn Office Building de la Chambre des représentants. L'événement était organisé par l'association papale d'aide à l'Église en détresse.
Mgr Anagbe a déclaré qu'en tant que berger de Makurdi, il a dû consoler son troupeau après une attaque à maintes reprises. Des massacres tels que l'attentat du Vendredi saint en avril 2023, qui a tué 43 catholiques dans une école primaire, sont devenus monnaie courante dans son diocèse, a-t-il dit, une réalité constante qui ébranle continuellement les fidèles.
Le diocèse de Makurdi n'est pas le seul à subir ces attaques. En décembre dernier, plus de 200 chrétiens nigérians ont été tués lors d'une série d'attaques de Noël dans l'État voisin du Plateau, du 23 au 25 décembre.
Dans sa présentation, Mgr Anagbe a montré plusieurs photos d'hommes, de femmes, d'enfants et de bébés sauvagement assassinés, dont beaucoup avaient le corps déchiqueté ou dont la tête et les membres portaient des marques de coups de machette, tous martyrisés pour leur foi par les Fulanis.
Pour ceux qui survivent aux attaques, la situation n'est guère meilleure. On estime à 3 millions le nombre de réfugiés, appelés personnes déplacées à l'intérieur du pays (PDI), qui vivent actuellement dans d'immenses camps de bidonvilles à travers le Nigeria. Sans argent ni ressources, incapables de retourner dans leurs maisons détruites de peur d'être tués et n'ayant nulle part où aller, ces millions de chrétiens vivent dans les pires conditions en tant que réfugiés dans leur propre pays, a déclaré Mgr Anagbe.
"Lorsque vous vous rendez dans les camps, vous ne savez pas quoi prêcher. Il est difficile de les consoler, de les soutenir, de partager avec eux, d'avoir peur avec eux, et chaque jour, d'autres personnes arrivent", a-t-il déclaré, ajoutant que les mauvaises conditions rendent les enfants particulièrement vulnérables à la traite des êtres humains, au travail des enfants et au prélèvement d'organes.
Alors qu'il pensait initialement que le gouvernement participait simplement à une "conspiration du silence", Mgr Anagbe a déclaré qu'il était désormais convaincu que les représentants du gouvernement nigérian "soutenaient, aidaient et encourageaient concrètement les kidnappeurs et les tueurs". La preuve en est que le gouvernement n'a pas arrêté un seul des terroristes responsables des nombreux massacres.
Le résultat, selon Mgr Anagbe, est que "la démographie du diocèse de l'État se réduit progressivement".
La persécution au Nigeria est-elle un génocide ?
Certains hommes politiques et médias occidentaux affirment que la crise au Nigeria a été provoquée par le changement climatique, qui, selon eux, oblige les bergers nomades peuls à se battre avec les agriculteurs chrétiens pour obtenir des terres rares. Mgr Anagbe a toutefois condamné cette thèse, la qualifiant de "mensonge et de propagande". Il a déclaré que les terroristes peuls sont motivés par la haine du christianisme avant tout.
Mgr Anagbe a déclaré à CNA que les attaques, qui font souvent des centaines de morts à la fois, "visent les groupes autochtones chrétiens au Nigeria" comme "un moyen d'éliminer ce groupe de personnes qui ont la même foi à partir d'endroits différents". Il s'agit là, selon lui, de la définition même d'un génocide religieux.
"Je ne cesse de demander combien de mosquées ont été attaquées par rapport aux églises catholiques ? Combien de pasteurs et de révérends pères ont été enlevés par rapport aux imams ?