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Le report des élections menace les "références démocratiques enviables" du Sénégal : Selon une entité catholique

La décision de reporter les élections présidentielles au Sénégal menace la réputation démocratique de ce pays d'Afrique de l'Ouest, a déclaré le Réseau africain Foi et Justice (AFJN).

Le 3 février, le président Macky Sall a annoncé le report des élections présidentielles, citant "les controverses sur la disqualification de certains candidats et les allégations de corruption dans les affaires liées aux élections", selon Africa News.

Lundi 5 février, le parlement du pays a voté le report de l'élection au 15 décembre 2024. Selon le New York Times, le vote a eu lieu après que des agents de sécurité aient expulsé des membres du Parlement de l'opposition.

Dans un communiqué publié le mercredi 7 février, le directeur exécutif de l'AFJN exhorte le président Sall à "honorer la date initiale des élections, à savoir le 25 février 2024".

"Le Sénégal étant l'une des rares démocraties stables d'Afrique de l'Ouest, ce développement négatif met en péril les références démocratiques enviables du pays - dans une région qui connaît une recrudescence des coups d'État", déclare Steven Nabieu Rogers dans la déclaration partagée avec ACI Afrique.

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M. Nabieu ajoute : "L'annonce unilatérale par le président du report et de l'expulsion des législateurs de l'opposition laisse peu de place à l'optimisme quant à la tenue d'élections libres et équitables sous la présidence de M. Sall".

M. Nabieu reproche au gouvernement sénégalais d'avoir arrêté des membres de l'opposition, qui faisaient partie des manifestants à la suite de l'annonce du président Sall, affirmant qu'ils devraient "être libérés sans condition et autorisés à participer pleinement au processus politique".

"Le Réseau africain Foi et Justice exhorte donc le gouvernement du Sénégal à assurer la sécurité de tous ses citoyens (y compris les manifestants pacifiques) afin qu'ils puissent exercer librement leurs droits démocratiques et à prévenir toute nouvelle violence liée aux élections", a déclaré la directrice exécutive du Réseau africain Foi et Justice.

La tension monte au Sénégal depuis la décision du Conseil constitutionnel d'exclure plusieurs candidats de l'élection, dont les figures de l'opposition Ousmane Sonko et Karim Wade.

En juillet 2023, le président Sall a annoncé qu'il ne se représenterait pas aux élections présidentielles, expliquant que "le Sénégal ne se résume pas à moi et regorge de dirigeants capables d'assurer le développement du pays".

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Le 6 février, les membres du Conseil national des laïcs (CNL) du Sénégal ont désapprouvé la décision de reporter les élections, déclarant qu'ils étaient "en total désaccord avec cette décision dont les conséquences pourraient conduire le Sénégal vers un avenir incertain".

Ils ont ajouté : "Cette décision sans précédent, qui va à l'encontre de la légendaire tradition démocratique du Sénégal, comporte des risques réels d'instabilité et constitue une grave préoccupation pour notre organisation".

Le 4 février, Mgr Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, s'est dit "déconcerté par ce qui se passe" dans le pays et a qualifié de "technique de contournement" l'annonce par le président Sall de l'affichage du scrutin présidentiel.

"Quand il y a une règle, c'est pour qu'elle soit respectée, pas pour qu'on passe à droite ou à gauche", a déclaré Mgr Ndiaye aux journalistes lors de la conférence de presse du 4 février.

Magdalene Kahiu